"Vous pouvez disposer, les gars."
Giovanni rangea son pistolet dans son étuis à sa ceinture, et incita ses hommes à faire de même. Ces derniers étaient hésitants, mais finirent tous par baisser leurs gardes. Certains partirent, d'autres restèrent pour discuter entre eux. Le danger était écarté, ils pouvaient maintenant vaguer à leurs occupations. Giovanni se dirigea vers le centre de la pièce, là où Rémiro prenait le corps d'Auriny dans ses bras.
"Je peux vous aider à la transporter si vous voulez, proposa-t-il.
- Non merci, ça va aller, répondit Rémiro. Je suis habitué.
- Habitu... Attendez, vous la frappez couramment?
- C'est ma femme.
- ... Je crois que vous ne saisissez pas vraiment le sens de ma question...
Simon s'inteposa.
- Monsieur...
- Vous pouvez m'appeler Giovanni.
Ils se serrèrent les mains.
- Moi, c'est Simon.
- Enchanté. Oh, attendez une seconde.
Le soldat aux cheveux blonds sortit un peigne et un miroir de ses poches, et se mit à se coiffer.
"Je ne suis pas peigné, veuillez m'excuser d'être si peu présentable."
Soudain, alors qu'il s'admirait dans le miroir, il plissa les yeux, comme s'il avait remarqué quelque chose. Rapide comme l'éclair, sans se retourner, il dégaina son pistolet et tira derrière lui. Un soldat s'écroula par terre, se tenant la main droite et hurlant de douleur. Surpris, Simon regarda de plus près; la balle avait arraché l'index de l'homme.
"Il se curait le nez avec son doigt, expliqua Giovanni. C'est totalement dégoûtant.
- Beau tir... commenta Adonide, impressionnée.
- Merci. Je me suis entraîné longtemps pour atteindre ce niveau.
- Qu'est-ce qui peut bien vous pousser à vous entraîner de la sorte? questionna la sramette.
- Mon rêve est de réussir à arrêter une balle en plein vol simplement en tirant dessus. Et je dois dire que j'y suis presque...
"Il se curait le nez avec son doigt. C'est totalement dégoûtant."
Il rangea son miroir et son peigne.
- Et si vous me parliez un peu de votre amie? dit-il en désignant la fée. Elle est une eniripsa, n'est-ce pas? J'ai eu ouïe dire que cette classe était composée de guérisseurs amicaux, aie-je tort?
L'enutrof soupira.
- Auriny, ici présente, souffre de psychose maniaco-dépressive, exposa-t-il. En d'autres termes, elle est bipolaire. Dépendant des situations, elle peut passer de suicidaire à surenjouée à destructrice. Dans le dernier cas, la seule personne qui peut l'arrêter est son mari, Rémiro.
- Mais...
- Si elle est si puissante, c'est lié à deux trucs. Premièrement, contrairement aux autres eniripsas du Monde des Douze, elle a étudié en détail toute la biologie d'un corps humain. Si un guérisseur normal soigne les dommages extérieurs, elle sa magie est beaucoup plus spécifique et lui permet de faire des soins au niveau des organes les plus petits. Ainsi, elle peut réparer des cordes vocales, des vaisseaux sanguins qui auraient éclatés... Mais malheureusement, l'inverse est aussi vrai.
- L'inverse?
- Elle peut contrôler tous les systèmes d'un corps humain si elle veut! Votre ami, tout à l'heure, elle lui a bloqué le pharynx. Mais ça peut être bien pire! Imaginez seulement toutes vos veines éclater en même temps!"
Giovanni déglutit à cette pensée. Le féca, qui n'avait pas parlé jusqu'alors, prit la parole:
"Désolé de vous interrompre, mais tout cela est théoriquement impossible, affirma-t-il. Pour qu'un eniripsa puisse utiliser ce genre de pouvoir, il lui faut presque 10 fois plus de puissance qu'un eniripsa normal, ce qui est quasi-supérieur à Eniripsa elle-même. C'est donc...
- Bien vu Einstein, le coupa Simon. De là m’amène à la deuxième cause du danger d'Auriny. Ici, sur Terre, elle possède amplement cette puissance.
- Quoi?! sursauta Gendiki.
- Je me souviens, il y a 15 ans... poursuivit-il. Dans la salle d'entrainement de Renée Walker. Rémiro était, selon elle, bien plus fort qu'un iop normal. Et il n'utilisait qu'à peine une parcelle de stakfu. Cela prouve que, de base, les nouveau-nés dont fait partie Auriny ont ce potentiel. Et si elle se met à utiliser 100% du stakfu...
- Attendez, je ne comprend pas bien... C'est quoi le stakfu?" demanda Giovanni, perplexe.
Simon se tut. Il en avait trop dit déjà. Ne sachant pas quoi répondre, c'est Lily qui prit la relève:
"Peu importe. Ce que vous devez comprende, c'est qu'il est primordial que Rémiro reste à ses côtés en tout temps. Si elle explose, il n'y aura plus rien à faire, et nous mourrons tous, sans exception.
- Je vois... acquiesça le blond. Nous serions donc obligés de la tuer si personne ne l'arrête...
- Vous ne pourrez pas la tuer, prononça lourdement Rémiro.
Tous se retournèrent vers le iop, qui fixait d'un regard plein de tendresse le visage endormi de sa femme.
- Elle ne pourra pas mourir, continua-t-il. Aucune blessure ne sera assez grave pour elle. Elle peut se soigner à volonté, et ce ne sont pas vos petites balles qui peuvent lui venir à bout... Croyez-moi, lors de notre combat contre l'eliatrop, j'ai vu ce dont elle était capable...
- Eliatrop, vous dites?" tonna une voix féminine.
Les regards se tournèrent vers celle qui venait d'arriver. Elle portait un chapeau noir à larges rebords et une robe ébène, autant que ses cheveux sombres.
"Je m'appelle Isabella Cundan. Je sens que nous avons beaucoup à nous raconter."
___
Les jeunes personnes suivirent Isabella. Giovanni les regarda s'éloigner, puis, au moment où ils tournèrent le coin, il se tourna précipitamment vers l'un de ses subordonnés.
"Joe, si la générale me demande, dis-lui que j'ai fini pour aujourd'hui, dit-il en tapotant sa montre.
- Bien colonel."
L'homme aux cheveux blonds agita fermement sa tête, pour replacer ses mèches vers l'arrière, et se dirigea vers un corridor opposé à celui que venait de prendre sa supérieure. Il entra dans une pièce totalement faite de vitres, qui donnait vue sur une autre salle plus grande où travaillaient plein de personnes devant leurs ordinateurs. Il fit signe à l'un des techniciens. Celui-ci appuya sur un bouton, et des portes coulissantes se refermèrent dans son dos. Une lumière sous forme de lasers quadrillés parcourut le petit compartiment où il se trouvait. Après quelques secondes, une ampoule verte s'alluma. Il poussa les portes.
Il était à l'extérieur. Il marcha jusqu'à un stationnement privé un peu plus loin. La lune était déjà haute dans le ciel lorsqu'il atteint sa voiture, un beau char rouge nouvelle génération. C'était un vrai bolide de luxe. Giovanni s'installa au volant, démarra, puis pressa sur le champignon. Lorsqu'il fut assez éloigné de la base qu'il quittait, il appuya un bouton à côté de sa radio, et dit d'une voix claire et forte:
"On a un code 27, Elonora. Rejoins-moi chez Jack."
Il donna un dernier coup de peigne dans ses cheveux, et s'embarqua sur l'autoroute.
___
Quelques heures plus tard, la voiture rouge entra dans le secteur du Plateau. Elle pénétra dans un complexe de rues, et se stationna devant une boite aux lettres. Giovanni coupa le moteur, sortit du véhicule, et traversa une bande d'asphalte pour atteindre la maison de briques devant lui. Il essuya ses souliers sur le petit tapis du porche et cogna trois coups. Une dame à la peau et aux cheveux bruns lui ouvrit.
"Giovanni, ça n'existe pas le code 27, dit-elle. On n'en a fait que 26.
- Je sais. C'est pour te faire remarquer à quel point la situation est sérieuse et complètement hors des limites de ce qu'on avait prévu."
"Giovanni, ça n'existe pas le code 27. On n'en a fait que 26."
Le soldat se dirigea vers le téléphone qui se trouvait dans la cuisine sans rien rajouter. La femme ferma la porte, et le rejoint rapidement.
"Tu peux m'expliquer ce qui se pass...
-'Pas le temps, Elonora, répondit Giovanni. Je dois de toute urgence contacter Saternio. Tu as bien branché le brouilleur?
- Oui oui, ne t'inquiète pas. La ligne est sécurisée."
Il composa un numéro, et attendit plusieurs secondes. Bientôt, quelqu'un répondit:
"Ça n'existe pas le code 27.
- Bonjour Mammouth atrabilaire, ici Lynx perçant au rapport.
- ...
La voix de l'autre côté ne parlait plus.
- Mammouth? répéta Giovanni. Vous êtes là?
- ... Bon. Ok. Sérieusement, Mammouth QUOI?!
- Atrabilaire. Ça veut dire grognon.
- Écoute, il y a deux choses que tu dois savoir: un, je ne suis pas grognon, et deux, je m'appelle Saternio! S-a-t-e-r-n-i-o! Compris, Lynx pélican?
- Perçant.
- Rien à foutre, Giovanni. Personne ne nous entend. Ne pars pas dans tes délires de film policier.
Le blond soupira.
- Comme vous voudrez, s'inclina-t-il.
- Et merci pour le courrier première classe! grogna Saternio d'un ton sarcastique.
- Vous voulez parler de la puce cachée dans la balle que j'ai tiré dans votre tibia? Je dois avouer que je fus très bon, c'était une idée de génie sachant qu'il m'est impossible de sortir de la base ne serait-ce qu'avec une feuille de papier! Et en plus, vous m'avez permis de monter de grade en tuant l'ancien colonel...
- Mouais... J'ai été assez surpris de constater qu'Isabella a réussi à mettre au point le virus de stasis à partir du vieux prototype de Wayh... Tu es venu me parler de ça, pas vrai?
- Non.
- Ben alors vas-y! Dis-moi ce qui se passe pour que tu m'appelles en utilisant un code qui n'existe pas!
- Neuf personnes sont venues du Monde des Douze.
- Encore? C'est la deuxième fois en moins d'une semaine!
- Et ce n'est pas tout. L'agent Chirak, qu'on a envoyé il y a un mois, est revenu.
- Ça veut dire qu'il... Il a rapporté l'enfant?
- Sans aucun doute. Mais ce n'est pas le plus étrange. Nous avons remarqué que l'eniripsa est beaucoup plus puissante que le gouverneur et son défunt acolyte. Je ne sais pas pourquoi, mais Isabella n'a pas l'intention, du moins pour l'instant, de leur faire subir le même sort que notre premier prisonnier. C'est peut-être lié à leur puissance... En tout cas, la fée était vraiment en colère; elle disait chercher sa fille...
- La petite iopette?
- Son mari est un iop.
- Hum... Je résume la situation: 9 personnes sont venues par le portail. De toute évidence, c'est pour retrouver ces enfants qui dorment à mes côtés. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils meurent dans d’atroces souffrances du venin d'Isabella. Ils sont condamnés, et je ne peux rien faire. Ça ne me concerne pas, et cette conversation n'est plus pertinente. Sur-ce, je te dis au-revoir et je raccroche.
- Ils connaissent le stakfu. Un enutrof m'en a parlé."
Il y eu un bruit dans l'appareil, comme si quelqu'un s'étouffait.Giovanni entendit du métal tomber à terre, et Saternio toussoter pour essayer de recracher quelque chose avalé de travers.
"C'est impossible qu'ils soient au courant du stakfu! Impo...
Le doute s'installa dans l'esprit du vieil homme.
"L'enutrof, il s'appelait...?
- Simon.
- Misère. Dans quel pétrin mon neveu s'est-il encore embarqué? Giovanni, le code 27 est lancé!"
Page précédentePage suivanteCréé le 27/10/12 é 09:34
Derniére modification le 23/08/13 é 01:05
Liste des principales mises é jour :
24/02/13 - - Arrêt des images
- Moitié du carnet terminé
Virus de STASIS. Pas stakfu. Relisez, que diable :'(