Wakfu: l'histoire parallèle 2 (partie 2) - Les Carnets 16 abonnés

Par CegyYgec

Chapitre 7

Isabella déposa son doigt sur la gâchette. Juste au moment où elle allait faire feu, elle sentit quelque chose qui l'arrêta. Oh, elle pouvait toujours presser sur la détente qui mettrait à mort instantanément le iop devant elle, suspendu dans le vide. Mais quelque chose la dérangeait, quelque chose de près... La dame hésita.

"Madame Cundan, regardez! s'écria Giovanni.

Isabella regarda vers le bas de l'escalier, là où se trouvaient les deux wakfusiens paralysés. Auriny et Simon n'avaient pas bougé d'un poil, sauf... Un détail tiqua son œil: l'eniripsa bougeait lentement la tête! Ce n'était d'abord qu'un petit mouvement, à peine perceptible, mais à mesure qu'elle levait lentement son regard, Isabella sentait une résistance dans son sort. Leurs yeux se croisèrent, et la femme en noir hoqueta de surprise. Elle n'avait jamais vu ça.

Elle vit dans le regard de la fée une telle fureur, une colère enfouie au plus profond d'elle qui tentait de s'échapper en prenant contrôle de son corps et de son esprit. Elle ne se maîtrisait plus. Ses sourcils froncés démontraient une détermination hors du commun. Prise d'un froid de panique, Isabella leva sa main en sa direction, et son masque s'illumina. Comme prise de douleur, Auriny se crispa soudainement, abaissant les paupières. Croyant avoir réussi à la calmer, Isabella expira un grand coup. Brusquement, la guérisseuse rouvrit ses yeux. Ses pupille commencèrent à disparaître, et son aspect plus furax que jamais glaça le sang d'Isabella.

Une aura blancharde commença à L'entourer.

"Les flammes du stakfu... murmura la chef du S.S.C.R.S.
-Quoi?" s'exclama le blond à ses côtés.

Combattant une force invisible, usant de toutes les forces de sa volonté, Auriny bougea son bras de quelques centimètres vers l'avant. Un soldat, pour l'empêcher d'avancer plus, attrapa le poignet de l'enragée.

"On ne bouge pas!" ordonna-t-il.

Au moment où ses doigts entrèrent en contact avec sa peau, il s'écroula sur le sol.

"Ne la touchez pas! cria Giovanni. Appelez des médecins!

Une femme se pencha pour prendre le pouls du soldat.

- Mais... il est mort!" affirma-t-elle, surprise.

Auriny fit un pas vers l'avant. Les hommes et femmes armés reculèrent, lui laissant le passage. Quelqu'un tira un coup de feu. La balle traversa le bras de la fée, et la blessure se referma instantanément. Elle fit un autre pas. Elle avait atteint l'escalier. Isabella suait à grosses gouttes. Elle lâcha son pistolet, et brandit ses deux bras vers l'eniripsa, qui avançait progressivement, à pas de robot. Cette dernière ralentit légèrement, puis repartit de plus belle. Un rictus sadique apparut sur le visage de la guérisseuse, et elle leva sa main. Une lumière apparut dans sa paume...

"Pan!"

La lueur s'éteignit, et Auriny tomba par terre. Giovanni rangea son pistolet.

"Un puissant anesthésiant, expliqua-t-il. J'ai visé une artère du cou."

Voyant que tout danger était écarté, Isabella relâcha sa concentration et reprit son souffle. Mal lui en prit.

"SBAM!"

Rémiro, libéré de l'emprise xélore, termina son mouvement par un puissant coup de poing. Isabella le reçut directement dans le ventre, lui coupant le souffle. Les agents du S.S.C.R.S. réagirent au quart de tour et pointèrent leurs canons sur lui. Le iop serra les poings, prêt pour la bagarre.

"Rémiro."

C'était Simon. D'un mouvement de tête, l'enutrof lui fit comprendre qu'il valait mieux se calmer. Tout le monde était tendu.

"Vous devriez l'écouter, conseilla Giovanni. Tout aussi puissant que vous êtes, vous ne pouvez rien contre des balles. Si vous vous rendez, il ne vous sera fait aucun mal.
- Ah oui? grogna le guerrier. Elle a pourtant tenté de m'éliminer!
- Ben..."

Giovanni se tourna vers deux ambulanciers qui venaient d'entrer dans la salle du bal avec une civière. Ils ramassèrent le malheureux toujours au sol et l’entraînèrent à l'extérieur.

"... Sans vouloir vous offenser, vous n'êtes pas vraiment notre plus grande menace... dit le blond en regardant Auriny endormie.
- Vous n'avez pas l'intention de la tuer? Je vous l'interdit! Si vous voulez toucher à une seule de ses ailes, vous devrez nous passer sur le corps! Pas vrai Simon?

Simon se leva, et, d'un air autant triste qu’embarrassé, se dirigea vers le iop.

"Tu as vu ce qui s'est passé, Rémiro? demanda-t-il.
- À vrai dire... non, répondit celui-ci. J'avais le dos tourné. Pourquoi?
- Lorsque le soldat l'a touché, il est mort sur le coup. Dans un certain sens, Isabella nous a sauvé la vie.
- Ah?
- Le rayon d'action de la magie mortelle de ta femme était bloqué autour d'elle par une bulle temporelle. Ce qui veut dire que sans cela...
- Nous serions tous morts? balbutia Giovanni.

L'enutrof posa sa main sur l'épaule de Rémiro.

- Là où je veux en venir, c'est que, quelle que sois la grandeur de votre amour, tu auras à faire un choix. Et ce choix, ce sera elle, ou toi.
- Tu connais déjà ma décision.
- C'est pour ça que je suis triste, mon ami."



Le docteur Strobovski était seul. Dans la salle où il se tenait, plusieurs médecins spécialistes et scientifiques se côtoyaient habituellement pour tenter de régler les cas compliqués de maladie grâce à leurs machines. Mais là, c'était l'heure du dîner, et tout le monde a bien le droit de prendre sa pause. Après tout, le cas précédent avait ébranlé tout le monde. Si le docteur restait, c'était justement pour une raison: il terminait son rapport. Le rapport de Chloé Siméas.

Quelques minutes plus tôt étaient partis une agente de la GRC et quatre enfants, parmi eux la sœur de l’intéressée. Trapev Strobovski leva les yeux; derrière une grande vitre, dans un lit, était couchée Chloé, l'adolescente de 17 ans qui venait de succomber à un mal mystérieux. Même lui, un expert, n'arrivait pas à comprendre. Il venait d''écrire le décès de la patiente lorsqu'une lumière blanche attira son attention. Il entendit des bruits de pas.

Un homme entra dans la pièce voisine. Il était tout habillé de blanc, mais ce n'était pas un infirmier. Il avait les cheveux roux, et semblait aussi jeune que vieux. Il était impossible de déterminer son âge. Le docteur Strobovski pouvait le voir, mais pas l'inverse; c'était un miroir sans teint. L'homme portait un collier orné d'un cristal au cou. Il s'avança vers le lit de la morte, la regarda, puis se mit à rire.

"Ha ha ha! Alors c'est toi?!

Il s'assit à ses côtés, comme pour entamer une conversation.

- J'aurais dû m'en douter, au nom de famille, continua-t-il. Quelle ironie du sort. Il a fallu que ce soit TOI, maman, qui soit la sœur de Lily. J'aurais dû me tenir plus en alerte, j'ai perdu beaucoup de mes souvenirs.

Il croisa ses jambes.

- Heureusement, tout n'est pas perdu. La boucle n'est pas encore bouclée, et j'ai amplement le temps de tuer Phaéris, qu'il soit déguisé en osamodas ou non. Ensuite, j'aurai ma revanche sur les humains, et tout le monde sera content!

L'homme se leva, et une épée éclatante apparut dans sa main droite.

- Je suis fier de toi, ma petite Chloé. Tu as essayé de survivre en donnant une partie de ton esprit et de tes pouvoirs à Lily. Par contre, ce n'est pas suffisant, l'esprit et les pouvoirs se perdront avec le temps. C'est un bon effort, mais tu auras besoin de l'aide de papa."

À ces mots, il planta l'épée dans le cœur de la fille. Puis, comme s'il avait peur de quelque chose, l'enleva aussitôt, et dématérialisa l'arme. Sur la blessure commença à se former du noir, et, comme un parasite de poussières, s'éparpilla sur tout le corps. L'homme ferma les yeux, et prit un air concentré. Chloé Siméas commença à se désintégrer, des particules noires s'envolant au-dessus d'elle. Un éclair partit de la paume du roux, et happa la poussière qui se transforma progressivement en une espèce de voile transparent. Lorsque l'adolescente eut complètement disparu, le voile se redirigea vers le cristal qui pendait sur le torse de l'homme, comme siphonné. Toute la matière énergétique y pénétra.

Le bijou brilla brièvement, puis s'éteignit.

"Et puis, j'ai une promesse à tenir." chuchota l'homme.

Il sortit de la salle comme si rien ne s'était passé. Trapez Strobovski se précipita à sa rencontre, et l'intercepta dans le corridor.

"Attendez!" cria-t-il.

L'homme s'arrêta, et se retourna. Il eut un sourire et, sous les yeux ébahis du docteur, commença à se transformer. C'était comme si tout son corps se liquéfiait pour se resolidifier par la suite. Cela dura deux secondes. Devant Strobovski se tenait maintenant une jeune femme aux cheveux verts et au teint basané, presque adulte.

"Merci docteur, dit-elle d'une voix féminine.
- Qui êtes-vous? balbutia le docteur en question.
- Je m'appelle Chloé Siméas. Et vous m'avez sauvé la vie."

L'adolescente se dirigea par la suite vers la sortie principale, le laissant sans voix.



"Seul un démon peut faire un truc pareil, conclut le docteur Strobovski. J'en ai encore la chair de poule!
- Il a vraiment dit qu'elle était sa mère? Et qu'en même temps, il était son père? demanda Charles.
- Tout le démontrait, acquiesça le docteur. Je ne m'y connait pas beaucoup en familles de démons, vous savez... Mais ça ne m'étonne pas."

Charles ne savait plus quoi penser. Quelque chose clochait. Il écarta tout de suite la possibilité que Chloé sois sa mère, c'était insensé. Mais Andyspak pouvait-il vraiment être le père de Chloé? Tous les documents officiels disent le contraire. Et le père de Lily aussi? Et du second Andyspak? Avait-il d'autres enfants?

Puis il se souvint des discussions qu'il avait entendues ces dernières heures. Il existait une personne anormalement intéressée à la sadidette. Quelqu'un qui était étonnée, voir déçue, de ne voir que 4 nouveau-nés sur 5. Quelqu'un qui, de toute évidence, en sait plus qu'elle le laisse paraître.

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