Une étrange destinée...
Chapitre 4, puisqu'il faut faire un choix...
"Dans quelques instant, le monde va s'arrêter, les peines et les douleurs seront oubliés, les crimes et les erreurs pardonnées. Dans quelques instants, je vais mourir. Pourquoi ? Pour un anonyme qui a commi un crime affreux et s'en est sorti impunément. Si seulement mère était là, si seulement. Je pourrais lui dire la vérité, cela enlèverait un poid sur ses épaules. Toi, qui lit ce message, à l'heure où tu tiens ce vieux bout de tissu couvert d'encre, je suis probablement mort à l'heure qu'il est. Au fond, je le mérite après tous les homme que j'ai tué en temps de guerre, je te demande juste une chose, retrouve le commanditaire de cette action, et tue-le.
Un jour d'élection à Bonta, tout le monde, que ce soit les riches ou les pauvres, se presse aux bureaux de vote. Cette année, bien que toutes les grosses pointures de la politique Bontarienne ont été mystérieusement écartées des élections, n'échappe pas à la règle. Tous veulent sortir du cauchemard provoqué par la perte de leur gouverneur. Dans la liste, contenant beaucoup de politiciens ratés, le favoris est un sacrieur au regard malicieux. Pavlei, tel est son nom, possède un grand nombre de soutiens, malgré qu'il ne s'est jamais présenté à la gouvernance. En deuxième position, d'après les sondages, vient Wazawi, un eniripsa au regard innocent. Son programme, plein d'espoir et naïveté a séduit pas mal d'électeurs. Il ne gagnera pas, les candidars originaux ne gagnent jamais, même lors de circonstances exceptionnelles.
Senchi s'ennuie, les élections l'ont toujours ennuyé, elles provoquent une attente interminable, juste pour qu'il pose sa signature sur un papier contenant le nom d'un candidat. Pourtant, il ne doit pas bouger, rester dans la file, et prendre son mal en patience. Après ça, il ira postuler en tant que garde, cela lui permettra de racheter son cruel assassinat. Un mouvement sur sa gauche attire son attention, quelqu'un tente de passer devant tout le monde. Sans réfléchir le iop attrape l'importun par un collier étrangement lourd et solide, et s'apprête à lui casser trois dents quand il reconnait reconnait l'homme, Pavlei.
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Kyruspak, tranquillement assis sur un banc, regarde la fourmilière de Bonta, tous les citoyens se pressent dans le bureaux de vote, sous son regard amusé. Il éprouve un malin plaisir à constater la stupidité des gens qui se lancent, tête perdue, dans les files, et la puanteur de la transpiration. Le sram attend que les files s'éclaircissent un peu, au moins il ne mourra pas asphyxié. Machinalement, il passe sa main sur son masque qui, depuis l'accident, lui reste collé à la peau. Il sent que le bois enchanté des Zobals assimile, petit à petit, son masque en os. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne devienne comme tous ces dégénérés à la chevelure rouge. Mais, en attendant, il compte profiter un maximum de sa vie actuelle. Oui, rester assis pendant des heures n'est pas très amusant, je vous l'accorde, mais c'est tout de même mieux que la moite chaleur de la file. Il reste donc là, à regarder les gens aller et venir dans une atmosphère tendue à cause. Pour Kyruspak, que ce soit l'un ou l'autre des favoris qui passe, ça ne changera rien au fait que la politique de Bonta le déçoit. Comme il n'y a aucun candidat digne de ce nom à l'affiche, il compte voter pour celui qui le semble le moins dangereux des deux, le petit eniripsa qui croit pouvoir changer le monde avec des jolis mots. En plein dans ses réflexions politiques, il remarque à peine un jeune iop bien rangé dans une file agripper le fameux Pavlei par le collier. Il se lève d'un bond, enfin un peu d'action.
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Tout autour du iop et du sacrieur, une foule compacte s'est, en quelques instants, formée en un cercle autour des deux hommes, avant même que l'un ou l'autre n'aie réagit. Senchi est mal à l'aise, il relâche celui qui risquera de devenir son gouverneur et se confond en excuses. Son interlocuteur semble amusé, c'est rare quand quelqu'un est assez téméraire pour l'agripper. Non pas qu'il fut célèbre avant sa toute récente carrière politique, il possède une carrure impressionnante. Haut de plus de deux mètres, ses épaules sont tellement larges qu'il doit, quelques fois, passer une porte de biais. Bref, le sacrieur est une montagne de muscle, comme on n'en voit pas beaucoup, surtout chez ses confrères qui tirent leur force de leur douleur, ne prennent généralement la peine d'entretenir leur corps, privilégiant la vitesse qui leur permet, une fois au bord de la mort, d'achever l'ennemi sans prendre le coup de grâce. Sur tout le corps de Pavlei, des tatouages représentants des motifs inquiétants de part leurs formes étranges et incongrues. Le haut de son pantalon fort rapiécé, est couvert de longues coulées de sang coagulé, et ses pieds nus étaient couverts de bandages desquels dépassaient des débris de verre. Cela fait quelque minutes qu'ils se regardent ainsi, aucun des deux ne semble oser bouger. Puis, Pavlei sort de sa transe.
" Quel est ton nom iop ?
- Senchi monsieur, répond l'intéressé, la tête basse.
- Et bien, Senchi, je te félicite pour ton courage, ce n'est pas la peine de t'excuser pour si peu, j'en aurais fait autant à ta place."
Le iop est ébahi, il pensait, il y a quelques secondes, être obligé de se battre contre le colosse et, s'il était encore en vie après, se faire jeter aux cachots.
L'incident réglé, tous retournent faire la file qu'ils avaient abandonné pour observer l'altercation. Aucun ne voient un sram au masque, mi-squelettique, mi-tribal, qui sort de leur bureau de vote, un grand sourire aux lèvres, i vient de gagner 5 heures de ce qui lui reste de lucidité.
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La nuit tombe sur Bonta, le soleil éclatant s'apprête à laisser place à la profondeur de la nuit. L'astre majestueux est en bout de course, il va enfin pouvoir se reposer. Alors que la fin de sa vie est proche, le jour se teint d'une lueur écarlate qui n'est pas sans rappeler le sang. Tous ceux qui regarde dans la direction de la boule de feu, ressentent un sentiment d'adieu comme si, avec ce doux coucher de soleil, ils s’apprêtent à faire le deuil de cette journée dont aucun d'eux n'a pu profiter. Aujourd'hui, Bonta a choisi son souverain, aujourd'hui, un gouverneur aurait du passer le flambeau à son successeur, mais aujourd'hui, le gouverneur ne peut être présent. C'est ce qui rend cette journée aussi solennelle. Pour la première fois depuis longtemps, un gouverneur ne recevra pas la couronne des mains de celui qui la portait avant lui. La question, maintenant, est de savoir qui la portera.
Les prétendants au poste de gouverneur sont, selon la coutume, alignés les uns à côté des autres sur l'estrade des spectacles de Bonta située au faubourg de la Sainte-Eau-Dorée. Les scrutins ont, presque tous, été dépouillés. Il n'en reste plus qu'une dizaine, les résultats ne devront pas tarder. Dans l'assemblée, Zébuleen, aux côtés de Stegnam avec lequel elle venait de se lier d'amitié, est aux bords de la crise de nerfs. Seule l'annonce du nom du prochain gouverneur peut la calmer. L'As des as lui, ne parait pas plus troublé que ça, comme s'il avait déjà qui sera l'élu du peuple. Mais, il est bien le seul à conserver un calme apparent. Autour de lui, la foule bouille d'impatience.
Voilà qu'un hiboux géant grimpe sur l'estrades en quelques bonds. Il tient dans ses serres un long parchemin qui contient les résultats. Il le déroule et, voyant que les citoyens le lui arracherait des griffes s'il tardait trop, il décide de ne pas faire durer le suspense.
" Bontariens, bontariennes, je vous demande de saluer Wasawi, votre nouveau gouverneur, bravo à vous monsieur".
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@ Doflix : Tu auras une page ce soir, je ne suis pas un chinois non plus...