Wakfu: l'histoire parallèle 2 (partie 1) - Les Carnets 19 abonnés

Par CegyYgec

Chapitre 14

"Alors Andy, comment te sens-tu?
- À vrai dire...un peu seul, maintenant que mes amis sont partis.
- Tes seuls amis, n'est-ce pas?
- ... Oui...
- Ne t'inquiète pas, tu les retrouveras vite."

Elulip posa sa main sur l'épaule d'Andy. Ce dernier regardait la sombre forêt où Auriny, Rémiro, Charles, Adonide, Simon et Lily l'avaient quitté. Il soupira. Il se demandait s'il avait bien choisi. Il ne savait pas encore ce que voulait vraiment la zobale, ni pour combien de temps. Elulip, comme si elle avait deviné ses tracas, lui souffla:

"Ils reviendront vite... Le temps que l'eniripsa découvre que ses pires peurs sont devenues réalité! S'ils enregistrent bien le zaap à deux lieux d'ici que je leur ai proposé, ils seront de retour demain.
- ...
- Bon! Assez tardé, tu ne trouves pas? Nous avons du travail à faire!

Andy se tourna vers elle.

- Qu'est-ce que je dois faire?
- Suis-moi et tu verras bien, répondit Elulip en se dirigeant vers la cabane.

Le garçon considéra la bicoque.

- Mais... Vous voulez que je travaille là-dedans? s'étonna-t-il. Il y a à peine de la place pour une personne! Qu'est-ce que vous voulez que je...
- Entre au lieu de dire des sottises."

Il ne se le fit pas dire une troisième fois et décida de la suivre. Il entra juste après elle. Ce n'était pas vraiment une maison, ça ressemblait plutôt à un établi de bûcherons abandonné depuis des années. Il n'y avait pas de lit ni de nourriture, seulement des meubles en bois et de nombreux outils. Se demandant encore ce qu'il pourrait bien faire dans un tel endroit, Andy suivit la zobale jusque dans une petite armoire. Elle lui fit signe de ne pas bouger, et ferma la porte, les laissant dans le noir. Elle abaissa une manivelle. Le garçon sentit le sol trembler sous ses pieds. Une étrange sensation parcourut son corps, et le sang commença à lui monter à la tête, comme s'il était en train de... de descendre!

"N'aie pas peur, lui dit Elulip. Mon ascenseur est sans danger."

Ils arrêtèrent de bouger. La zobale ouvrit la porte, et ils sortirent dans une belle salle, illuminée de lampes et murée de briques.

"Laisse ton épée ici, tu n'en auras pas besoin dans mon sous-sol."

Andy s'exécuta. Puis, ils passèrent dans un long corridor qui était relié à plusieurs pièces par des couloirs secondaires. L'adolescent renifla une drôle d'odeur venant de sa gauche. Dans la salle d'à côté reposait un gros chaudron d'où s'échappait de la fumée rose. Sur les tablettes étaient déposées toute sorte de fioles et de flacons. La zobale serait-elle quelque peu alchimiste? Un mouvement derrière la marmite attira ses yeux curieux. On aurait dit un petit animal blanc...

"Paf!"

Il ne remarqua pas qu'Elulip avait arrêté de marcher, et lui fonça dans le dos. Celle-ci ne réagit pas, sauf d'un petit regard par-dessus son épaule. Elle ouvrit une trappe dans le mur et en sortit un vêtement. C'était un chandail d'un blanc éclatant, sans motif. On aurait dit qu'il était neuf, tant il était dépourvu de saletés et de poussière. La sorcière le donna à Andy, et s'affaira à sortir un pantalon fait de la même matière.

"Dorénavant, chez moi, tu porteras cela, dit-elle. Allez, vas te changer! En vitesse!"

Andy s'enferma dans la salle la plus proche. Il se déshabilla, et se rhabilla aussitôt. "Pourquoi dois-je porter ça?" se demanda-t-il. C'est avec bonne surprise qu'il trouva son nouvel habit très confortable. Il ne pesait presque rien! Lorsqu'il eut fini de se vêtir de son ensemble, il se mit à inspecter les lieux. Le garçon se trouvait dans une salle ronde, cylindrique avec un plafond si haut qu'il avait de la difficulté à le voir. Un énorme drap recouvrait les murs, comme un rideau gigantesque cachant... quelque chose. Curieux, Andy écarta d'un coup sec le tissu.

Le spectacle qui s'offrit à lui le laissa sans voix. Devant son nez, un masque effrayant le fixait. Autour, d'autres, petits, minces, gros, étaient aussi accrochés. Des dizaines de regards creux de toute sorte l'entouraient, fixés sur les murs, les masquant presque entièrement. Ces masques firent frissonner Andy. Les faux visages donnaient un aspect sordide à la pièce. Il jugea qu'il valait mieux ne pas tarder dans cet endroit.



"Tu a trouvé ma collection de masques, à ce que je vois."

Il se retourna. Elulip venait d'entrer.

"Comment vous vous les êtes procurés? la questionna-t-il.
- J'ai tué leurs anciens propriétaires. Un par un. Un travail long et acharné, mais qui porte ses fruits.

Cette nouvelle jeta un froid.

- Pou... pourquoi? demanda encore le garçon.
- Ne me regarde pas comme une meurtrière. Il s'agit d'actes purificateurs, expliqua la zobale.
- Purificateurs?
- Ceux qui portaient ces masques dissimulaient le mal en eux.
- Le mal?"

Elle s'assit sur un banc. Elle invita Andy à faire de même en lui tirant un à lui aussi. Voyant qu'il hésitait, elle prit la parole:

"Je vais te raconter une histoire. Une histoire que peu connaissent, une histoire qui remonte à la nuit des temps.
- Vous savez, je ne suis pas vraiment intéressé, je...
- Je vais te raconter la genèse zobale."



Gendiki s'était endormi. Il était épuisé. Le destin était contre lui. Le destin l'avait empêché de dormir. Le destin n'allait pas le laisser s'en tirer en si bon compte.

"Toc!" "Toc!" "Toc!"

La sieste du sacrieur ne dura même pas cinq minutes qu'on cogna à la porte de la maison. Il s'essuya les yeux, bailla, s'étira, et se gratta le dos.

"Toc!" "Toc!" "Toc!"

"Voilà, voilà, j'arrive!" grommela Gendiki.

Il traversa la cuisine et se dirigea vers le hall d'entré. Il ne lui restait que quelques pas avant d'atteindre la poignée qu'il entendit un étrange bruit à l'extérieur.

"BOUM!"

Devant ses yeux ébahis, la porte sortit de ses gongs, propulsée par une forme invisible. Le large projectile allait le percuter de plein fouet! Ses réflexes s'activèrent en une demi-seconde: ses tatouages s'animèrent, créant un énorme canon noir autour de son bras qu'il pointa sur la porte. Une balle faite de matière tatouesque concentrée fut tirée, pulvérisant le battant de bois en milliers de petits copeaux. Une forme féminine se tenait sur le porche.

"Gendiki!!!"

Auriny s'envola dans l'ouverture, et, de ses puissantes ailes, se catapulta sur le sacrieur. Ce dernier était trop surpris pour réagir.

"Auri..."

"SBAM!"

Tel un boulet de canon, l'eniripsa plaqua Gendiki directement dans l'estomac, l'envoyant sur le mur opposé. Les briques éclatèrent sous l'impact, réduisant ce côté de la maison en nuage de poussière et de roches. L'adolescent secoua sa tête, puis agrippa le bras d'Auriny qui était encore accroché après lui. Il lança la fée dans les airs.

"Auriny! Qu'est-ce qui te prends?! cria-t-il.

L'interpellée atterrit sur le sol.

"Où. Sont. Les. Enfants, dit-elle d'un ton sombre. Où sont-ils?!

Au moment où elle cria ces mots, elle s'élança à nouveau.

- Où est ma fille?!!"

Sans même laisser le temps au sacrieur de répondre, elle tendit sa baguette Range vers lui. Un rayon rouge en sortit, frappant Gendiki en plein visage. Il tomba sur le sol. Du haut des airs, Auriny se laissa tomber et, profitant de l'accélération gravitationnelle, enfonça son genoux avec force dans le ventre de l'adolescent. Il eut le souffle coupé. Ensuite, la fée retourna son corps pour qu'il soit face au sol, et lui tordit le bras dans son dos. Il grimaça de douleur.



"Où sont-ils? demanda-t-elle encore. Pourquoi ne sont-ils pas ici?
- Je... Je ne sais pas... Je..."

Elle augmenta la pression. On entendit un craquement.

"Aïe! D'accord, d'accord, je vais te le dire... je... Arrête, s'il-te-plait...
- Tu as intérêt à ce qu'ils soient seulement partis faire une promenade...
- I... Ils sont partis... Dans la forêt...
- Ah... dit l'eniripsa d'une voix plus relâchée.
- Ils ont... pris un portail.

Auriny relâcha sa poigne. Gendiki se plaça sur le dos, et souffla un peu. L'eniripsa, de son côté, se leva debout. Le sacrieur remarqua son visage; il n'avait jamais vu quelqu'un changer si rapidement de teinte. Elle passa du blanc au vert, puis du bleu au rouge. Elle semblait ailleurs, comme perdue dans ses pensées. Une larme coula de son œil gauche. Puis, ses yeux se ternirent. Ses sourcils s'abaissèrent, elle serra les dents, et sa baguette se mit à rougeoyer. Elle fixa Gendiki, et leva son bâton en l'air. Une lumière intense en sortit encore et, d'un geste rapide, elle abaissa son bras vers le sacrieur.

"SBAM!"

Une créature en fourrure sauta sur Auriny, l'interrompant dans son geste. Le phorzerker se projeta dans les airs, tenant dans ses bras l'eniripsa pour l'éloigner.

"Je te tiens! s'exclama Simon.
- Ça, c'est ce que tu crois!" le contredis la femme.

La fée se déphasa, et, tel un fantôme, passa au travers de la bête à poils. Elle reprit sa marche vers Gendiki, tandis que l'enutrof atterrissait au sol plus loin.

"Auriny! Arrête! s'écria-t-il.
- Ils sont peut-être morts à l'heure qu'il est! Il doit payer!"

Elle fit un autre pas. Soudainement, elle s'arrêta. Elle venait de recevoir un coup sur la nuque. Elle s'écroula au sol, assommée raide. Rémiro, qui se tenait juste derrière, ramassa le corps de sa femme pour la transporter délicatement dans sa chambre.

"C'est de loin la pire crise de colère qu'elle n'ait jamais faite..."

Gendiki se releva, se dépoussiéra les vêtements, et étira son bras qui était encore douloureux. Simon défusionna, puis se dirigea vers lui.

"Fais tes bagages, dit-il simplement. Nous partons.
- Hein? Pourquoi? s'interloqua le jeune garçon. Pour aller où?
- Sur Terre."Page précédentePage suivante

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