Wakfu: l'histoire parallèle 2 (partie 1) - Les Carnets 19 abonnés

Par CegyYgec

Chapitre 8

Lily attacha solidement les liens d'un nœud double. L'assassine se retrouva vite les mains liées, incapable de les mouvoir d'un poil, pouvant à peine bouger ses doigts. Les lianes de la sadidette étaient maintes et maintes fois plus efficaces qu'une corde normale.

"La tresse aussi" avertit Andy.

Lily poussa sa chevelure verte vers l'arrière et se pencha pour prudemment enlever les trois lames formant le grappin. Elle les passa une par une à Simon, qui les rangea dans son havre-sac accroché à sa ceinture. Elle remarqua que les cheveux tressés trainaient sur le sol. Quelle coiffure! La sramette devait les avoir laissé pousser depuis son tout jeune âge! La sadidette se plaça devant elle, et lui demanda:

"Comment vous faites pour marcher normalement avec ça?"



Adonide ne répondit pas tout de suite. Elle était hypnotisée par la femme des forêts, qui semblait anormalement... attirante. Elle était belle, trop, d'une beauté surnaturelle. L'assassine ne comprenait pas ce qui lui arrivait, mais elle ne pouvait plus détacher ses yeux de la sadidette; de ses cheveux si fins, de sa peau si délicate, de son collier brillant d'une telle blancheur...

"Pourquoi me regardez-vous en rougissant? demanda Lily.

La sramette cligna des paupières, et se secoua la tête pour sortir de ses pensées.

- Je... je pensais à quelque... à quelque chose...

Elle désigna sa tresse.

- Je l'attache autour de ma taille, dit Adonide. Trois tours suffisent amplement."

Pendant que Lily s'affairait à attacher les cheveux, la sramette promena son regard sur la bande qui l'avait maitrisée. Une eniripsa, un iop, un enutrof, et un... euh... roublard peut-être. Les lunettes fumées de Charles étaient pour n'importe qui quelque chose de complètement inconnu. Adonide préparait déjà un plan d'action au cas où ils auraient le malheur de la délivrer. La fée d'abord, pour ne pas qu'elle s'envole; le grippe-sous en deuxième, avant qu'il puisse fusionner; le guerrier ensuite, l'affaire de quelques secondes...

Puis, son regard tomba sur Andy. Qui était-il? D'où venait-il? Jamais, dans ses nombreux assassinats, elle n'avait vu en action de tels pouvoirs. Il était mort! Le cou tranché! Ça n'existe pas, une regénération pareille! Sans compter sa vitesse, et sa grande perception. Elle avait beau fouiller dans sa mémoire, ça ne lui rappelait aucune classe.

"Tu appartiens à quel dieu? le questionna-t-elle. Iop? Sacrieur?
- Qui? Moi? sursauta Andy.
- Oui, toi!

Auriny tourna la tête.

- C'est vrai ça. Je n'avais jamais osé poser la question. Alors?
- Ben... C'est simple, j'en ai pas, répondit le garçon.
- C'est impossible! s'écria Adonide.
- Ah si, répliqua Simon d'un air savant. Il existe dans le Monde des Douze de petites communautés isolées dont les membres sont en majorité sous l'influence d'aucun dieu. Ils sont caractérisés par leur indépendance, leur fort caractère, leur débrouillardise...
- Et leur absence de pouvoir! Tu ne peux pas avoir des pouvoirs ET ne pas prêter allégeance à une divinité!
- Boaff, je dois être l'exception qui confirme la règle, haussa Andy.
- Je ne suis pas convaincue... marmonna Adonide.
- Non mais ça va hein! cria le garçon, légèrement agacé. Ce n'est pas de vos affaires, ma vie privée!"

Il plaça lui-même ses mains devant sa bouche, surpris par son propre haussement de ton. Il baissa la tête, désolé.

"Andy a raison, ajouta Lily en se serrant sur lui. Nous devrions peut-être plutôt nous concentrer sur notre présence ici, non?"

Tous les visages se tournèrent vers Adonide. Celle-ci leva les yeux au ciel.

"Je suppose que vous voulez des explications...
- Pigé!
- Au point où j'en suis... Je n'ai pas grand chose à vous dire de toute façon. Nous étions une vingtaine de srams, envoyés sur ce pont marchand pendant la conférence spéciale...
- Pour?
- Pour tuer ces salopards d'enutrofs qui se font appeler des économistes. Tous devaient mourir, nous voulions éliminer cette principale source de corruption dans le monde. Un jour, vous savez, Sram sera béni pour son sens aigu de la justice...
- C'est de la barbarie, pas de la justice, grommela Rémiro.
- Loin d'être de la barbarie, c'était une mission finement organisée, où chacun avait sa tâche propre. Il y avait un sram par spécialiste, pour s'assurer de ne laisser aucun survivant.
- Et... qui devais-tu tuer, toi? demanda Simon, soudain prit d'un doute.
- Un dénommé Simon Loriamax."

L'enutrof ouvrit grand les orbites. Tous se dévisagèrent, mais personne ne dit rien. Après quelques secondes, Auriny prit la parole:

" Le zaap a été détruit, mais nous nous trouvons en ce moment dans les prairies d'Obelo. C'est à quelques lieux seulement du quartier général de Bonta, nous pourrions y apporter cette sramette, qu'elle aille croupir en prison.
- Bonne idée, acquiesça Simon. Mais tu ne crois pas que Myriam risque de s'inquiéter que vous rentriez si tard?
- Ne t'inquiète pas pour notre fille, rigola Rémiro. Je suis sûr qu'elle s'amuse bien avec Gendiki."

Adonide maugréa, et poussa un juron silencieux. Quelle guigne! Tout ça n'était pas prévu! Mais quelle était la malchance qui l'avait tirée dans cette situation? Ce que l'assassine ne savait pas, c'est que la malchance en question s'appelait Simon Loriamax, et qu'il se tenait au moment même à portée de dague.



"Reviens ici, petite peste!"

Gendiki propulsa un tatouage vers l'avant. Myriam l'évita, et se remit à courir.

"Tu ne me rattrapera pas jamais! Nanananèreu!
- Tu vas voir!"
La petite iopette plongea sous une table, et agrippa l'une des pattes. Le sacrieur eut tout juste le temps d'éviter le meuble, qui s'écrasa sur un vase à fleur. Finalement, Gendiki réussit à la coincer contre un mur.

"Ha ha ha! Tu n'as plus d'échappatoire!"

Myriam lui fit une grimace et, dans un élan, défonça le mur. Le jeune homme regarda le trou avec désolation; qui allait payer pour ces dégâts? Il fronça les sourcils. C'en était fini de jouer! Il se campa, puis sauta. Tel un courant d'air, il rattrapa la fille et la souleva par le col. Il lui accorda un sourire sadique.

"Ne sous-estime jamais un sacrieur. Tu ne fais pas le poid contre ma fulgurance.

La iopette lui asséna un coup de poing.

- Ouaille!! Mon nez! s'écria Gendiki. Tu vas payer!"

"Toc, toc, toc!"

On cogna à la porte. Le sacrieur regarda Myriam d'un air hargneux.

"C'est ton jour de chance... Va dans ta chambre rejoindre ton ami! Tu devrais prendre exemple sur lui, il est le seul pas débile dans cette maison..."

La fille lui tira encore la langue, et parti rejoindre Évhan. Gendiki tira la langue à son tour, puis se dirigea vers la porte. Il espérait secrètement que ça soit Rémiro et Auriny. Au diable les kamas, il en avait marre de partager le même toit que la gamine. Il ne put empêcher sa mine de s'affaisser de déception lorsqu'il vit l'inconnu sur le porche. C'était un féca, une touffe de cheveux sur son front, un bracelet sur le bras droit et un bâton dans la main gauche. Il avait le regard perdu, et plissait les yeux comme s'il avait des difficultés à voir.

"Qui êtes-vous? commença le sacrieur.
- Je m'appelle Hubur, dit poliment le jeune homme. Veuillez pardonner mes possibles maladresses, j'ai perdu mes lunettes un peu plus tôt aujourd'hui, et...
- Qu'est-ce que vous voulez?
- J'aimerais savoir si vous connaissez un certain enutrof répondant au nom de Loriamax.
- Simon? Oui, vaguement.
- J'aimerais pouvoir lui parler. Pourriez-vous m'indiquer comment le trouver?
- Il participe en ce moment-même à une conférence au Faubourg de la Sainte Eau Dorée.
- Parfait, merci."

Le féca fit demi-tour, et trébucha dans les escaliers pour s'étaler de tout son long au sol. Gendiki ne s'en soucia guère et ferma la porte. Il entendit un grognement. Surpris, il tourna la tête autour. Qu'est-ce que c'était? Une créature? Une farce de la iopette? Le grognement se fit entendre à nouveau. Ah, il venait de comprendre: c'était son estomac.

"Voyons le bon côté des choses d'être gardien d'enfant, se dit-il. Je peux bénéficier du garde-manger à volonté." Il marcha vers la cuisine, se pourléchant les babines. Brusquement, un tremblement se fit entendre. Il soupira; encore la iopette qui faisait des bêtises là-haut...

Myriam redéposa son lit sur le plancher, de façon un peu plus délicate cette fois. Évhan, assis sur une chaise, la regardait agir tout en donnant le biberon à son petit frère. Le crâ tapota sur le dos du sadida; Noyarc émit un léger rôt. Il jeta un regard perplexe à son amie. Cette dernière était en train d'attacher ses couvertures pour en faire une très longue corde. Elle ouvrit la fenêtre.

"Qu'est-ce que tu fais? demanda Évhan.
- Ça se voit non? Je m'évade!
- Mais ta mère a demandé qu'on ne fasse pas de bêtises!"

Myriam ne l'écouta pas, et se laissa glisser jusque sur la pelouse. Le crâ, toujours en tenant le bébé dans ses bras, la suivit avec maladresse. Au fond de la cours arrière se dressait une forêt. La iopette voulut s'y approcher, quand une lumière vive l'éblouit. Elle ferma les yeux, puis la lueur baissa. Bientôt, elle put voir une forme s'avancer.

C'était une petite fille, aux cheveux blond éclatants, qui les regardait de ses jolis yeux bleus. Elle était un peu plus vieille qu'eux, elle qui devait avoir 6 ans tout au plus.

"Vous voulez zouer avec moi?" dit la fillette d'une petite voix joyeuse.

Et elle s'éloigna lentement. Précipitamment, Myriam courut à sa poursuite. Même si elle ne faisait que marcher, la petite blonde avançait rapidement. La iopette zigzagua entre les arbres. Plusieurs fois, elle perdit de vue la mystérieuse jeune fille, mais toujours elle finissait par distinguer un pan de sa jupe disparaitre derrière un arbre. Évhan suivait tant bien que mal. Ils aboutirent dans une clairière. Au milieu était assise la fillette, en train de sentir une fleur. Mais c'est ce qui se tenait derrière qui attira l'attention de Myriam.

Un grand cercle bleuté flottait dans le vide, au raz du sol. Il semblait être de la même substance qu'un zaap, mais ne possédait pas d'arche. Des craquelures scindaient le portail, comme si celui-ci était instable.



"Z'est par izi, dit la petite inconnue avant d'entrer dans la substance bleue.

Sans hésiter, toute excitée à l'idée de la suivre, Myriam se jeta à l'intérieur.

- C'est une mauvaise idée... Une très mauvaise idée..." marmonna Évhan.

Lui et Noyarc entrèrent à leur tour. Le zaap disparut.Page précédentePage suivante