Un invité très... inattendu
La grosse marmite fumait dans le coin de la pièce. Une délicieuse odeur de bons légumes cuits s'en dégageait et recouvrait toute l'atmosphère d'un mur à l'autre. Gio, à l'aide de sa cuillère de bois, agita un peu la soupe, puis installa son ustensile sur le meuble. Il trempa sa main au complet dans le liquide (l'ayant préalablement lavé bien sûr), l'y laissa quelques secondes et la ressortit. De sa paume à ses doigts, tout était rouge.
"Hum... brûlures au premier degré... se dit-il. Gendiki?
- Oui? lui répondit une voix plus loin.
- Quelle type de soupe est celle-ci?
- La chaude. Pourquoi?
- Parce qu'elle est trop froide. C'est la moyenne.
- Quoi?! Mais c'est déjà bien trop chaud!
- Fais-moi plaisir et augmente le feu, continua Gino.
- Putain... maugréa le jeune sacrieur à voix basse. Déjà que je me suis brûlé ce matin avec la volcan tabascotique...
- Pardon?
- J'ai dit que je n'avais plus faim, se reprit-il plus fort. Parce que j'ai déjà beaucoup mangé ce matin pendant un pique-nique.
- Ah bon."
Gendiki s'essuya le front. Il ne fallait pas qu'il se fasse renvoyer, ce fut déjà dur de trouver un emploi! Son estomac gargouilla. Il se demanda comment il allait faire pour payer son loyer, lui qui doit déjà se passer de certains petit déjeuners. Il regarda dans la salle principale du restaurant. Depuis que Rémiro eut tout brisé, Gino avait déjà tout réparé. C'est vrai que le gros sacrieur tient à son bâtiment comme à la prunelle de ses yeux...
Il n'y avait personne, hormis le mendiant habituel devant le foyer. Toujours là, lui! Si ça ne tenait qu'à Gendiki, il le ferait payer pour le temps qu'il s’abrite dans le restaurant... Et en même temps, comme il l'enviait! être dans les rues est payant; à chaque jour, le bonhomme peut se payer trois repas complets avec tous les kamas qu'il amasse! Et aucun loyer à payer!
Un enutrof entra, et se dirigea vers lui. Gendiki prit un air professionnel, et s'adressa à Simon:
"Que puis-je pour vous?
- Gendiki, est-ce que tu sais si Rémiro et Auriny viennent ici aujourd'hui? demanda l'enutrof.
- Comment je le saurais?
- Ah, vous ne faites pas de réservations?
- Non.
- Hum... Dommage, vous pourriez vous faire beaucoup plus de profit..."
"Clac!"
C'était la porte. Simon se retourna à temps pour voir ses deux amis. Le iop et l'eniripsa ne semblèrent pas le voir, par contre. Ils se dirigeaient vers le sans-abris. L'enutrof se plaça devant eux.
Simon se retourna à temps pour voir ses deux amis
"Salut.
- Salut Simon, répondit Auriny. Excuse-moi, je ne t'avais pas vu.
- Je voulais vous dire quelque chose d'Important, mais j'ai eu quelques difficultés pour vous rejoindre, continua le jeune homme. Je devrais sérieusement songer à inventer le téléphone...
- Je t’interdis d’amener des technologies ou idées terriennes dans ce monde! dit sauvagement l'eniripsa. Tu ne peux pas faire ça, c'est contre-nature.
- Rhôô, toi et ton idéalisme absurde... Avoue que tu as peur de revoir la Terre à nouveau, hein, avoue!
- Ça m'a pris plusieurs années, beaucoup plus que toi et Rémiro, pour tout oublier, pour faire mon deuil de mes amis, de ma famille, et pour m'habituer à cette nouvelle vie. Je ne veux pas avoir à me souvenir, merci!
- À ton aise. Mais pense aux kamas que ça pourrait nous rapporter... Imagine si je commercialise le velcro!
- Simon. Ta gueule."
Quand la fée était en colère, il valait mieux ne pas la contredire, et changer de sujet. Simon la laissa respirer un instant, puis repartit pour une autre conversation:
"Vous êtes venus faire quoi ici?
- Auriny veut que je rembourse le mendiant, avoua Rémiro, penaud.
- C'est la moindre des choses, puis que tu lui as fait une de ces peurs en plus d'avoir détruit son repas, hier, ajouta l'eniripsa. Le pauvre, il n'a déjà rien pour payer, et toi tu lui brises tout!
-... Pas fait exprès, c'est le deuxième iop qui a mal atterrit...
- Tut tut tut! Tu prends ces kamas, tu lui les donnes, et tu t'excuses!"
Rémiro prit les pièces, et se dirigea vers l'homme habillé de noir. Il portait un long manteau, et tenait toujours son visage vers les flammes du foyer, ce qui empêchait le iop de le voir. Cela ne ne découragea pas Rémiro dans son acte de devoir, qui s’approcha encore.
"Bonjour monsieur, dit-il poliment.
Le mendiant tourna légèrement son visage.
- Je suis désolé pour ce qui s'est passé hier, et je voulais vous rembourser...
- Laissez-moi tranquille!" aboya l'étranger avant de se retourner à nouveau vers les flammes.
Le iop fut d'abord surpris, puis haussa les épaules. Il revint vers sa femme qui l'attendait avec un sourire. Elle était si fière quand son mari agissait aussi cordialement, c'est sûrement ce qu'elle appréciait le plus chez lui. Toute sa fureur passagère était partie. Simon, de son côté, était perplexe. Il plissa les yeux en direction du sans-abris.
"Ce gars me dit quelque chose... Auriny, tu sais si les lunettes fumées sont fréquentes à Bonta? Je ne savais pas que ça avait déjà été inventé..."
La guérisseuse perdit son sourire d'un cou. Elle se précipita devant le mendiant pour le regarder de plus près. La brusquerie de son mouvement fit réagir ce dernier, qui se leva vers elle d'un geste impétueux.
"Clic!"
Auriny se retrouva un pistolet sur le front. Ses yeux s'ouvrirent de stupeur. Son visage pâlit en remarquant les traits de l'homme. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais rien ne sortit.
Elle s'évanouit.
___
"Waow Lily! Merci!
- La panoplie Noke te va comme un gant. Tu es bien chanceux que j'aivais tous les éléments de la recette sous la main.
 embrassa la sadidette sur la joue.
- Tu es la meilleure."
La jeune femme rougit. Le garçon était vraiment différent des autres. Il était charmant. Le jeune homme s'était débarrassé de son pagne pour laisser place à un bel habit de cuir rouge et de poils de mulou blancs. Pour compléter le tout, la sadidette lui avait fabriqué un beau masque représentant un animal sauvage à hautes oreilles pointues. Il avait fière allure dans son ensemble.
Depuis la veille, Â n'avait pas beaucoup parlé. Mais maintenant, il semblait plus à l'aise, devant Lily du moins. Il n'avait cependant pas accepté de partager son repas, et avait dormi à la belle étoile à quelques mètres du campement. La sadidette s'agrippa à son bras, et ils se mirent à marcher côte à côte. Ce fut autour du garçon de rougir. Lily le remarqua.
"Pourquoi rougis-tu? dit-elle d'Un ton espiègle.
- Eh bien... C'est la première fois de ma vie que j'ai de véritables relations avec quelqu'un...
- Qu'est-ce que tu veux dire?
- Je n'ai encore jamais parlé à un humain avant, expliqua Â.
- Quoi? Tu vivais seul dans ces forêts? Tu sais qu'il y a plein de dangers, que seul un sadida expérimenté peut se permettre d'affronter. Il peut s'y cacher des abraknydes, des mulous, des trools...
- Ne t'inquiète pas pour moi, j'ai appris à me débrouiller, l’interrompit gentiment le garçon.
- ... Bon. Puisque tu n'as jamais rencontré qui que ce soit, je vais te présenter à mes amis. Il faut bien qu'un jour tu rencontres la civilisation!
- Mais... mais... mais... balbutia-t-il.
- Tu es timide?
- ... Un... Un peu oui...
Lily le serra encore plus fort, ce qui le réconforta un peu.
- Ne t'inquiète pas Andyspak. Je suis là."
Le jeune roux s'arrêta, et ainsi fit la sadidette. Il se tourna lentement vers elle, et demanda d'une voix perplexe:
"Co... Comment m'as-tu appelé?
- Hein?
- Tu m'as appelé Andyspak. Pourquoi?
- C'est étrange, répondit Lily en se creusant les méninges. Je ne m'en souviens pas... Encore un coup de mon cristal, je suppose.
- Ton cristal? dit-il en posant son regard sur le collier.
- Oui, c'est un autre pouvoir étrange... Quelques fois, je dis des choses dont je n'ai même pas conscience. Je n'ai aucun souvenir d'un nom pareil! Andyspak... Andyspak... Hum...
- Moi j'aime bien, commenta le garçon.
- Adjugé. Andy sera ton nouveau nom, conclut Lily. J'en avais par ailleurs un peu marre de t'appeler Â.
Andy versa une larme, ému.
- C'est la première fois que que quelqu'un me donne un vrai nom... Merci, sincèrement merci Lily. Tu es la plus gentille, je... jamais les gens ne m'ont traité de la sorte... D'habitude, on me chassait des villages, on avait peur de moi...
- Je croyais que tu n'avais jamais rencontré personne!
- Comment crois-tu que j'ai appris à parler? Mais ne faire que m’approcher pour écouter comporte ses désavantages: je ne sais ni lire ni écrire.
- Ce n'est pas grave. Je t'apprendrai, Andy."
Elle l'embrassa à son tour sur la joue, toujours avec un grand sourire. Andy détourna son regard pour essuyer ses yeux, encore rougis par ses larmes de joie. Un flash de lumière attira son attention. Ses pupilles devinrent bleues, et il inspecta les environs.
"Lily... Un enutrof derrière ce buisson lance des rayons de lumière par une espèce de petite boîte noire...
- Simon!!!
- Ha ha ha ha!"
Rouge de colère, la sadidette se précipita vers la cachette. Simon commença à courir dans la direction opposée. Il siffla un coup, et jeta son sac, qui devait le ralentir un peu, par terre. Lily s'abaissa pour le ramasser, quand une bête noire surgit du sol pour le prendre avant elle. Le phorreur courut rejoindre son maitre.
"Lily a un petit copain! Lily a un petit copain! clamait l'enutrof.
- Tu es aussi immature que ton satané phorreur! cria la sadidette à l'encontre de son ami. Rends-moi ces photos, c'est privé!
Simon y fit fi, et agita une feuille qui était sortie de son appareil.
- Oh le beau bisou...
- Rends-les moi, je t'ai dit!"
"Oh le beau bisou..." "Rends-les moi, je t'ai dit!"
Mais elle abandonna vite tout espoir. Simon n'était pas du genre à relâcher un butin, sauf si on le lui achetait. Le phorreur rigola. Elle lui fit des gros yeux. La bête se tut. Andy, qui avait tout vu de la scène, s'avança. L'enutrof lui tendit sa main.
"Je m'appelle Simon. Simon Loriamax. Et comment se nomme le chanceux? dit-il le gratifiant d'un clin d’œil.
- Andy. Juste Andy.
Simon se tourna ensuite vers Lily.
- Moi aussi, j'ai quelqu'un à te présenter. Et devine quoi? Il vient directement de la Terre.
- Mais... La Terre?! C'est impossible! Comment...
- Ça, je n'en sais rien. Peut-être devrais-tu lui demander par toi-même. Il s'appelle Charles. Tu te souviens de lui?"
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Liste des principales mises é jour :
13/10/12 - Finition des 20 chapitres
Je pense qu'il aurait plutôt dit: Oh le beau baiser. Mais il est immature le pauvre
Mais malgré tout, je vois qu'Andy ne perd pas son temps. Une journée et on part pour les galoches!