Transportant avec précaution le petit Eniripsa dans ses bras, Fideus se creusait les méninges. Qui aurait bien pu lui faire ça ? Il baissa les yeux vers son protégé qui était encore inconscient. Au moins n'avait-il pas du sang séché partout sur le corps.
Il faisait beau, la neige brillait sous le soleil. Aucun nuages ne venaient cacher le ciel d'un très beau bleu. Alors qu'il passait sur le Pont Marchand gardé par Nina Richa, un garde le stoppa. Il semblait jeune et désireux de faire ses preuves à son Capitaine. Certainement une jeune recrue. C'était un disciple d'Osamodas, à la couleur de sa peau. Ils étaient réputés pour avoir du sang de Dragon dans leurs veines. Fideus n'avait jamais vérifié lui-même, car il était bien incapable de savoir à qui appartenait le sang une fois tombé...
<<-Halte-là, Citoyen !
fit-il d'une voix forte, appuyant son geste en levant la main devant lui.>>
<<Par pitié, Ecaflip, pas ça...pensa sombrement le transporteur.>>
Il savait que les procédures pouvaient durer des heures avec les gardes de Bonta. Surtout avec les personnes pointilleuses et les jeunes recrues. Il n'avait malheureusement pas de temps à perdre. Eraldiel dans les bras, il abandonna l'idée de filer, ce qu'il faisait habituellement.
<<Votre passeport, je vous prie.>>
Collaborer semblait la meilleure solution à tout citoyen qui n'avait rien à se reprocher. Cette règle n'était pourtant pas applicable à l'Ecaflip qui avait l'envie folle de partir. Le stress montant, sans un mot, il fouilla sa poche arrière. Ce qui l'étonnait peut-être le plus, c'était qu'il ne posait aucune question sur le fait de transporter des Eniripsas inconscients. Il tendit son passeport au garde qui le prit sur un "Merci" très formel.
Relevant le casque qui lui cachait une bonne partie du visage et qui lui tombait un peu sur les yeux malgré les cornes qu'il cachait, il parcourut le document. Il leva un oeil vers l'Ecaflip d'un air très sérieux.
<<Alors, comme ça, vous êtes "Semeur Précoce" ?>>
L'Ecaflip rougit d'un trait. Il toussota pour s'éclaircir la voix.
<<Hum...oui, répondit-il sans conviction.>>
<<
Il faudrait vraiment que je change ce titre bidon...pensa-t-il.>>
<<Vous semblez géné. Avez-vous quelque chose à vous reprocher ? le questionna le garde.>>
Et voilà. Il détestait ces satanés nouvelles recrues. Un vrai fléau. Comment éviter les questions qui allaient suivre ?
<<A moins que vous me preniez pour un idiot, vous avez du remarquer que j'ai remarqué que vous aviez remarqué que j'avais remarqué que vous transportiez cet Eniripsa qui semble inconscient et dans un état critique. J'exige une explication Monsieur Fideus Ludere.>>
Le garde gardait le passeport dans ses mains, et fixait l'interrogé. Si Fideus disait la vérité, il ne le croirait pas. S'il lui mentait, il ne le croirait pas. Que choisir quand dans les deux cas nous perdons ?
<<Vous vous trompez mon bon Monsieur. Cet Eniripsa est parfaitement en état. Il a juste eu un peu trop d'émotions.>>
Le garde regarda le menteur dans les yeux.
<<Qu'est-ce qui peut y avoir de si terrible pour qu'il soit dans cet état-là ? Hein ?>>
Un mensonge, vite. Et plausible s'il vous plaît !
<<Nous venons de nous marier.>>
Il regrettait déjà ces mots avant qu'ils ne franchissent ses lèvres. Pourquoi avoir choisit un mensonge aussi gros ? Personne n'allait le...
Le garde tomba à terre, très certainement choqué pour toujours. Tsss, ces zoophiles tiennent vraiment pas la route. Il remercia de tout son Coeur le Dieu qui lui était venu en aide et reprit son passeport le plus rapidement possible, sans faire tomber Eraldiel. Il fallait déguerpir avant qu'une jeune recrue ne vienne le retarder. Il rangea son passeport et s'engagea sur le Pont.
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<<-J'ai compris, Mysthys. Mais vous ne devriez pas atteindre une pointe si extrême.>>
L'Eniripsa acquiesca, essuyant une larme. Elle ferma les yeux puis ricana intérieurement.
<<-Ghurn, pourrais-tu apporter le corps de Bobby ici ? Je pense qu'il a mérité une digne sépulture.
-Je...Oui, bien sûr...J'espère ne plus jamais avoir à faire ça. Nous sommes bien d'accord ?>>
Elle acquiesca, essuyant une autre larme.
<<Je te le jure.>>
L'Enutrof, totalement bluffé par l'émotion que dégageait sa meneuse ne put que la croire. Il se leva et partit pour les Champs. Il espèrait que sa cape n'avait pas été volée et que l'Eniripsa était encore dessous.
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<<Foutue malchance ! Mais ils sont combien ?>>
Fideus avait l'impression de voir des gardes PARTOUT sur le pont. Tentant de se mêler à la foule présente, il bouscula de l'épaule un des passants.
<<Pardon, dégagez, pardon.>>
Il faisait le maximum pour rester le plus discret possible, mais c'était peine perdue. Un des gardes lui fit face dès qu'il fut sortit de la foule. Il avait juste traverser le Pont, et n'était pas encore à Kara. Jamais le chemin ne lui avait semblé si long !
<<Bonjour. Que transportez-vous, citoyen ?>>
<<
De la viande froide, t'en veux un morceau ? pensa âprement l'Ecaflip.>>
<<Mon mari.>>
Il s'avança sans l'écouter et regarda l'Eniripsa. Le garde ouvrit des yeux ronds. Voir un Sadida surpris comme ça ne devait pas arriver tout les jours, sachant qu'ils dormaient environ 23 heures par jour pour rendre hommage à leur Dieu. Lui devait passer son temps au soleil, d'ailleurs, à sa peau tannée. Il fit un pas en arrière, levant les deux mains devant lui, défensivement. Il avait l'air paniqué.
<<Ne...ne...me...tou...tou..tou...chez...p...p...pas !>>
Le voilà qui bégayait ! Oh misère, cette journée semblait pourrie de bout en bout.
Le Sadida prit ses jambes à son cou. Il ne les comprenait pas : qu'est-ce que pouvait bien leur faire les gays ? Pourvu qu'ils n'alertent pas les autres.
<<Alerte !>>
<<Damn.>>
Mais quelle raison allait-il invoquer pour alerter les autres ?
<<Un meurtrier !>>
S'il avait eu une main libre, il se serait frapper le front. Il décida de quitter ce pont qui commençait à sentir très mauvais pour lui. Il décida de forcer un peu le pas, mais voyait que les secousses produites faisaient balloter dangereusement les membres de son amoureux. Avec n'importe qui d'autre, il aurait pu jouer sa vie. Mais pas avec celle de Diel.
Il ralentit.
<<Halte ! Halte !>>
Trois gardes couraient vers lui. Tailler une bavette avec eux ne lui faisait pas envie, mais se battre serait inutile. Il risquait de blesser encore plus Diel et de tuer ces petits gardes innocents. Il posa Eraldiel sur un banc proche avec délicatesse. Il déposa un baiser sur une de ses joues avec lenteur. Tout était de sa faute. Il devait sortir de cette pagaille, le mettre en lieu sûr, puis effectuer les travaux que sa meneuse lui avait confié. Les gardes s'arrêtèrent à mi-distance de lui, prêt à dégainer leurs armes. Fideus se retourna, tranquillement.
<<-Au nom de la Loi, je vous arrête !
-Ne peut-on juste discuter avant de m'enfiler des bracelets ? Je vous trouve très expéditif.
-On ne discute pas avec les meurtriers et les Hors-la-Loi,
prononça stoïquement l'un des plus vieux gardes.
-Si on doit se battre, puis-je choisir l'endroit ? Je ne voudrais blesser personne de plus que vous trois.>>
Ils rirent tous ensemble, sûr de leur victoire. A trois contre un, c'était déjà joué. Le Sadida ne semblait plus du tout paniqué, flanqué de ses deux acolytes. Malheureusement, ce Crâ, ce Sadida et ce Sacrieur ne semblait jamais avoir joué avec un Ecaflip. Le plus vieux, le Sacrieur, haussa les épaules, en signe d'approbation. Fideus les mena aux abords de Kara. Il était très inquiet pour Eraldiel, livré à lui-même, inconscient, sur un banc public ! Il devait les expédier rapidement. Il sortit son paquet de cartes, d'un mouvement habile et le mélangea à une vitesse prodigieuse. Les autres n'eurent le temps que de dégainer leurs épées.
Il tira la première carte.
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j'ai hate de savoir la suite