(
Musique - clic droit, "Nouvel onglet")
Le matin. Le jour commençait déjà à se lever par la fenêtre du jeune garçon, et les premiers rayons du soleil vinrent chatouiller ses yeux endormis. Les nuits étaient courtes dans cette partie du monde, nombre de Bontariens l'avaient bien remarqué, tandis que les Pacifistes et leurs ancêtres s'étaient bien habitués à ce rythme de vie depuis des centaines d'années. La chaleur des rayons, mais surtout la voix de sa mère qui raisonnait dans le couloir, sorti le garçon de sa torpeur. Il cligna plusieurs fois des yeux, ébloui, et eu le réflexe de se retourner dans son lit en bougonnant. Il n'avait pas bien dormi cette nuit. Un cauchemar... Et en plus il pensait trop. Enfin, il avait l'habitude de réfléchir un peu plus que la plupart des enfants de son âge, mais là c'était bizarre. Il avait pensé à pleins de choses complètement différentes les unes des autres... Mais on lui a toujours dit que la nuit porte conseil, alors... Tandis qu'il commençait à se rendormir, il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir avec fracas, ce qui ne manqua pas de le faire sursauter dans son lit. Il orienta sa tête vers celle-ci, qui était au-dessus de lui, et vit sa mère devant le pas de la porte, les sourcils froncés et les mains sur les hanches. C'était une femme plutôt jeune pour qu'on se dise qu'elle soit maman. Elle avait des cheveux bruns ondulés qui descendaient sur ses épaules et venaient s'y écraser gracieusement. Ses yeux noisettes étaient arrondis et lui donnait un air espiègle. Son visage n'avait pas souffert des ravages du temps, mais de toute façon, pour son âge c'était tout ce qu'il y avait de plus normal. D'ailleurs on répétait souvent qu'il tenait son visage angélique de sa mère.
"Sol, combien de fois il va falloir que je te le dise ? Ton père t'as dit de te lever plus tôt pendant la semaine de la pêche, il a besoin de toi !",
gronda-t-elle de sa voix cristalline, qui ne lui donnait pas l'air tant que ça d'être en colère.
"Mais Maman il est super tôt...",
marmonna Sol qui s'empressait de s'emmitoufler encore plus dans ses couettes.
"Tôt ou pas, quand on affirme quelque chose jeune homme, on l'assume ! Allez je t'attend dans la cuisine... Non mais.",
clôtura sa mère qui referma la porte et se dirigea vers la cuisine.
Sol s'enroula dans ses couettes en soupirant. Il n'avait pas vraiment le choix de toute façon. Puis d'un côté elle n'avait pas spécialement tort, c'est vrai que la veille il avait dit à son père qu'il irait l'aider pour la mise en place du festival. Il aurait mieux fait de se taire, il aurait dormi plus longtemps... Mais bon il ne pouvait pas savoir que sa tête allait faire des caprices pendant cette nuit précise. Il se redressa dans son lit, les rayons du soleil désormais bien présents venant encore une fois chatouiller ses globes oculaires, qu'il se frotta plusieurs fois. Ses cheveux étaient complètement décoiffés, preuve qu'il s'était tourné beaucoup de fois pendant la nuit. Il se gratta l'arrière de la tête plusieurs fois, puis se frotta encore une fois les yeux, puis la tête... Bâilla au moins 3-4 fois, et se décida à sortir de sa couette moelleuse pour venir s'asseoir au bord de son lit. Il fixa un moment le tapis qui était posé près de son lit, puis se décida à se lever dans un effort qui lui sembla horriblement dur. Il enfila sa simple veste beige et son pantalon, puis il vint regarder sa tête dans le petit miroir qui était accroché au mur près de la porte de sa chambre, fut surpris de se découvrir ainsi, presque en rigolant, et décida enfin de partir dans la cuisine. Les habitations des Pacifistes étaient en bois donc, et avaient presque toutes le même schéma technique. Pas d'étage, cela facilitait le déplacement des anciens s'ils devaient leur rendre visite. Un long couloir partait de l'entrée et reliait les différentes pièces de la maisonnette, plus ou moins grandes selon les familles. L'entrée était généralement le salon, l'endroit où on accueille et où on se retrouve. Suivait respectivement dans le couloir : la cuisine, les chambres, les toilettes, et la salle de soins (ou de bains, selon.). C'était un peuple qui conservait une certaine hygiène de vie, sans tomber l'excès ou dans les artifices qu'ils jugeaient inutiles et qui encombraient les Bontariens, comme le maquillage ou le rouge à lèvres.
Sol arriva dans la cuisine. Sa mère avait déjà préparé son assiette : un peu de poisson cuit et des légumes provenant des cultures. La plupart des légumes provenaient désormais de leurs propres champs qui furent implantés avec l'arrivée des Bontariens. Avant, ils vivaient principalement des récoltes de fruits, comme par exemple sur les Bananagrumiers qui poussaient à foison sur l'île, ou encore et même maintenant, du poisson. Sol vint s'asseoir péniblement sur sa chaise et commença à manger son assiette doucement mais sûrement pendant que sa mère vaquait ici et là dans la cuisine.
"Tu n'oublieras pas que ce soir c'est le festival, et donc qu'il y aura sûrement plus de Bontariens que d'habitude. Il faudra être gentil mon chéri.",
lui dit sa mère sans le regarder, l'ayant entendu arriver.
"Oui M'man.",
bougonna Sol, qui savait déjà tout ça.
"Et tu diras bien à ton père que Setaz est passé et qu'il le cherchait pour l'emplacement des feux de joie.",
continua-t-elle.
"Oui M'man...",
renchérit encore une fois Sol, qui jouait avec un de ses couverts.
Ca faisait déjà 4 jours... Le temps passe vite. Enfin, particulièrement lorsque c'est la saison de la pêche. Les premières journées sont plutôt calmes, c'est quand arrive le festival que tout commence à se chambouler. Aujourd'hui ils devaient déjà finir de tout mettre en place pour ce soir, quand les pêcheurs rentreront. Et il y aura la grande fête suivie de la veillée qui clôtureront cette saison. C'est sûrement pour ça qu'il avait eu du mal à dormir... Sol adorait la veillée de ce festival, parce que c'était un moment où tout le monde s'amusait et dansait. Et surtout parce que le poisson y était très bon, et qu'avec Noz ils adoraient en manger encore, et encore et...
Noz. Il espérait vraiment qu'il puisse venir. Ca ne serait pas pareil sans lui. Ca serait une des premières années où il aurait passé un festival de la pêche sans lui.
"Et ton copain, Noz ? Il pourra venir cette année ? Apparemment il a encore fait des bêtises il n'y a pas longtemps non ?",
demande sa mère.
Sol se demandait parfois si celle-ci savait lire dans ses pensées. Et il y a eu l'histoire du minerai aussi... En fait, Noz s'était porté volontaire pour garder le précieux butin mauve de la dernière fois et de l'emmener chez lui pour le cacher. Seulement, il s'était fait prendre avec par un villageois, qui l'emmena directement devant ses parents s'expliquer, et surtout devant les mineurs qui avaient beaucoup travaillé pour en ramasser. Apparemment il eu une grosse remontée de bretelles de la part de ceux-ci et des anciens, qui lui expliquèrent que c'était déjà mal de voler, mais qu'en plus il s'en prenait au travail de toute une génération de Pacifistes, et que c'était inadmissible de mettre ainsi en danger le travail de ses ancêtres... Ou un truc comme ça. Ce qui mit ses parents fous de rages, et depuis, il ne l'avait pas vu depuis 2-3 jours. Il se souvenait bien qu'il lui avait dit que peu importe ce qu'il arrivera, il sera tout de même là au festival, mais Sol ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour lui. La mère de Sol avait toujours trouvé Noz charmant et était heureuse que son fils ai enfin trouvé un véritable ami, qui ne faisait que "quelques farces qui ne faisaient de mal à personne." Du coup, il savait bien qu'elle aussi, cette histoire la tracassait un peu.
"Oui je sais... J'espère que ses parents le laisseront sortir.",
soupira Sol, triste.
Sa mère se retourna et regarda son garçon qui fixait son assiette, maussade.
"Mais oui chéri. Et puis au pire j'irais parler à ses parents cet après-midi pour essayer de voir s'il peut quand même sortir un peu, d'accord ?",
déclara-t-elle en lui souriant.
La mère de Sol avait toujours le mot pour faire sourire ou pour redonner du courage. Celui-ci la regarda un instant, et lui sourit aussi.
"Merci M'man !"
Pour la remercier, il finit son assiette entière. Enfin... Sauf ses morceaux de bananagrumes. Il a vraiment horreur de ça.
____________________________________________________________________
(
Musique - clic droit, "Nouvel onglet")
Midi passé. Le père de Sol discutait avec Setaz pour examiner les meilleurs endroits où positionner les différents feux de joie qui orneront le village. Il fallait bien s'accorder avec les arbres pour éviter que des braises trop voyageuses ne viennent leur donner feu, ou encore avec les tablées du banquet pour éviter qu'il ne fasse trop chaud pour les convives. Mais, généralement, ils se mettaient la plupart du temps d'accord pour "refaire comme l'année dernière". Ça prenait moins de temps, et c'était tout aussi efficace. Sol les regardaient discuter, assis sur une des tables du banquet déjà en place, balançant ses jambes dans le vide. Il n'y avait pas de "métiers" spécifiques chez les Pacifistes. Généralement les hommes s'occupaient des tâches les plus ardues, comme aider les Bontariens mineurs, s'occuper des champs ou principalement partir à la pêche. Et les femmes s'occupaient de fignoler les choses, en étant celles qui fabriquaient leurs vêtements, ou qui s'occupaient de la cuisine... Ce n'était pas du machisme, tout le monde faisait ce qui lui semblait bon de faire. Mais même sans forcer la main à quiconque, cette distinction entre les sexes pris vite de l'importance, sans que cela ne choque personne. Les seuls à avoir été choqués, ce sont les premiers Bontariens, qui ne virent là qu'une simple "discrimination visant à diviser la société en deux selon leur sexe.". Ce qui bien entendu fit beaucoup rire les Pacifistes, qui leur expliquèrent par la suite comment cela se passait. Nombre de Bontariens se sentirent très idiots après cela, surtout ceux qui avaient pour credo des jugements hâtifs sur tout et n'importe quoi.
Son père était quelqu'un qui s'occupait généralement de veiller à ce que tout se passe bien pour les différents festivals de l'année, ou encore des grandes occasions. Une sorte de... "chef de chantier", comme aimaient l’appeler les Bontariens. Le père de Sol était respecté de ses pairs. Il était toujours souriant et blagueur, et donnait une grande importance à sa famille et à son peuple. Il était bon, juste et ne souhaitait que le bien de tout le monde. C'était un homme assez grand, et qui au fil du temps obtenu une certaine forme physique due à son "métier". Lui aussi faisait relativement jeune pour être père. Ses yeux océan semblaient hypnotiser tout ce qu'ils regardaient par leur beauté. C'est d'ailleurs à cause de ces yeux que sa mère tomba amoureuse de son père. Il avait les cheveux relativement courts, et qui étaient d'un brun relativement plus clair que les autres. Une barbe naissante se disposait ci et là sur son visage.
Après avoir bien discuté et vraisemblablement plaisanté, vu sa gorge déployée, avec Setaz, il vint en direction de Sol.
"Tu vas être surpris, mon grand.",
lui dit-il en arrivant, un sourire malicieux aux lèvres.
"Ah bon ?",
s'interrogea Sol.
"Oui, car cette année... On va faire comme l'année dernière !",
déclara son père d'un air triomphal, en commençant à rigoler.
Sol soupira en souriant, presque en rigolant. C'était à prévoir de toute façon, vu la disposition des tables, il se disait bien que ça allait encore une fois être la même chanson. Malgré son âge, c'était un enfant très observateur, mais il ne le montrait et ne s'en vantait généralement pas, sa timidité prenant le dessus. Finissant de s'esclaffer, son père reprit son souffle. Alors même qu'il semblait avoir fini de fignoler les plans avec Setaz, voilà déjà que des villageois s'empressaient de disposer ci et là les bois pour les futurs feux de joie. Son père se gratta la nuque, puis croisa les bras en regardant son fils contempler la manœuvre.
"Bon, ta mère m'a raconté pour Noz ce midi. J'espère qu'il pourra ne serait-ce sortir qu'un tout petit peu pour te voir. Ce serait dommage sinon.",
lui dit son père en essayant de sourire.
"Ouais...",
souffla Sol, déçu de repenser à ça maintenant.
"Et donc je me suis arrangé pour finir plus tôt. J'irais avec elle parler avec ses parents. Deux personnes ça fait toujours mieux les choses qu'une, hein ?"
Sol regarda son père qui lui souriait. Il descendit de la table et vint le serrer à la taille, celui-ci ne pouvant pas se mettre à son niveau. Son père s'empressa de le prendre sous les aisselles, de le soulever et de le garder assis dans ses bras. Sol pu l'enlacer autour des épaules. Il avait de la chance tout de même. Il ne se le disait pas assez, s'était-il dit une nuit. Malgré son insouciance, il comprenait qu'il avait de la chance d'avoir eu un père comme ça et une mère comme ça, et un ami comme Noz. Il était heureux et c'était ça l'essentiel.
"Merci Papa.",
souffla-t-il a l'oreille de son père.
"De rien bonhomme. Bon allez, file, tu m'as assez aidé ce matin, je vais me débrouiller pour la suite. Et sois pas triste d'accord ? Ça va aller pour Noz."
____________________________________________________________________
(
Musique - clic droit, "Nouvel onglet")
Le soir. Ça y'est, on voyait déjà les premières lanternes des bateaux essayant de rivaliser avec la teinte écarlate du soleil couchant. Les bateaux accostèrent en port sans mal, et tout le village souhaita la bienvenue aux héros du jours qui ramenaient des kilos et des kilos de poissons dans leurs filets. On leur serrait la main, les femmes retrouvaient leurs maris respectifs, les enfants leurs pères, et certains même leurs mères. Des villageois s'empressèrent aussitôt de décharger la cargaison des navires, qui avaient fait visiblement une bonne saison. Sol était venu contempler la scène, un peu plus loin sur la berge du port. Ses parents étaient partis au village parler aux parents de Noz, depuis déjà plus d'une heure. Angoissé, il avait voulu prendre un peu l'air et contempler la mer. Ne sachant pas trop quoi faire, il avait décidé de finalement se diriger vers le port pour voir l'arrivée des pêcheurs. Déjà il pouvait entendre le brouhaha des retrouvailles, et distinguer des silhouettes s'enfoncer dans l'île en direction du village, transportant visiblement les cargaisons des bateaux. Il soupira, puis se résigna à suivre le mouvement, ne voulant pas être laissé seul sur la berge. Il pensait à Noz, et ce qu'il seraient déjà en train de faire s'il avait été là plus tôt...
Arrivés au village, les villageois s'empressèrent de trier et de traiter les poissons ainsi amassés, pour le grand banquet. Le soleil couchant laissant place peu à peu à la nuit, le signal d'allumer les feux de joie fût donné, indiquant ainsi le début de la veillée. Des musiciens Pacifistes commencèrent dors et déjà à jouer de leurs instruments rustiques, dégageant une aura de festivité qui donnait envie de danser et de s'amuser.
(
Musique - clic droit, "Nouvel onglet")
En attendant la préparation du banquet, tout le monde discutait, riait, racontait, dansait, s'amusait. Le village était en fête. On pouvait distinguer dans la foute divers Bontariens venus pour l'occasion, principalement des nobles, dont celui ayant écrit le livre sur le peuple des Pacifistes, qui revenait désormais chaque année. Les boissons de fruits allaient bientôt laisser place au grand banquet dans quelques instants.
Sol arriva dans cette ambiance, ayant attendu que les derniers villageois du port rejoignent le centre pour les suivre. Malgré la folle ambiance que dégageait la place, il ne pu s'empêcher d'être blasé. Il discuta brièvement avec un des amis de son père qui l'avait reconnu. Il vit un des amis de Noz qui s'amusait à "draguer" les filles de son âge. Il goûta au cocktail de fruits d'une amie de sa mère... Mais rien de tout ça ne le rendait joyeux. Il souriait à contrecœur, et n'avait visiblement pas la tête à s'amuser. Il se demandait surtout de quoi étaient en train de parler ses parents avec ceux de Noz. Est-ce qu'il allait pouvoir sortir ? Car pour l'instant, sans lui, ce n'était vraiment pas la même chose.
Le banquet était enfin prêt, une quantité raisonnable de poissons fut traitée, et les convives prirent donc place aux grandes tablées. Les plats de poissons accompagnés de fruits et légumes se passaient de table en table. On buvait à la santé des pêcheurs et à la grande récolte qu'ils obtinrent cette année sans encombres. Tout le monde s'amusait et festoyait paisiblement. Les musiques prenaient un rythme un peu plus soutenu le long du banquet, incitant à danser. Les feux de joie crépitaient de plus bel, laissant se dessiner sur les façades des maisons les ombres de ceux qui tournaient autour en se dandinant. Seulement, Sol finit rapidement sa première assiette de poisson, qu'il trouva fade, et parti se mettre un peu à l'écart des festivités, n'arrivant vraiment pas à se mettre dans l'ambiance. Il fixait au loin la maisonnette de Noz, où les ombres dansaient sans que celle-ci ne semble y participer. Il attendait de voir surgir de la porte d'entrée Noz souriant, ses parents et les siens discutant avec un sourire. Que toute l'histoire de la pierre ne se soit jamais passée... Parce qu'en y réfléchissant bien, c'était lui qui l'avait ramenée au village... Ça devrait être lui à qui on aurait dû passer un savon. Il soupira, assis sur un palier d'une autre maison un peu plus loin.
Il entendit alors les villageois devenir de plus en plus bruyants. Ça l'empêchait de réfléchir. Les ombres sur la maison de Noz s'agitaient de plus en plus. Décidément il regrettait bien qu'il ne soit pas là pour admirer ça. Mais alors qu'il se disait ça, il vit une femme courir perpendiculairement à lui, qui sortait de l'endroit où la fête battait son plein. Celle-ci avait l'air paniquée. Sol fronça les sourcils, et c'est alors qu'il vit une lance sortir de derrière elle et venir l'empaler sur place, la faisant tomber dans un râle d'agonie par terre.
(
Musique - clic droit, "Nouvel onglet")
Il écarquilla les yeux. C'est alors que ses sens se réveillèrent : ce n'était pas des cris de joies, mais des cris de peurs... ! Ils entendaient des femmes et des hommes hurler vers le lieu de la fête. Ses mains commencèrent à trembler. Il fixait cette femme empalée proche en face de lui, sans vie, commencer à répandre une flaque de sang sur le sol. Il était paralysé, les hurlements l'hypnotisant littéralement sur le palier. Il ne pouvait plus bouger. Il leva les yeux vers les ombres qui s'agitaient de plus en plus, laissant en apparaître certaine qu'il ne connaissait pas, qui ressemblaient à des démons courant dans la nuit. Dans un élan de peur, son esprit lui ordonna de bouger son corps engourdi. La peur le motiva, et il se mit debout, pour courir voir de ses propres yeux ce qu'il se passait. Là, il vit des cadavres joncher le sol, tous tailladés ou empalés de la même manière que la femme qu'il observa peu avant. Dans le chaos général, les tables étaient renversées, les villageois courraient dans tous les sens en hurlant. Il pu apercevoir des hommes en armures noires les poursuivre et en assassiner quelques-uns, avant d'en chasser d'autres. Il fût de nouveau paralysé. Ses yeux tremblaient, ses jambes tremblaient, tout son corps tremblait. Il regardait les visages horrifiés des villageois jonchant le sol devenir de plus en plus blancs. Sa vision commença à se troubler : il pleurait des larmes de peur, toujours les yeux écarquillés. Qu'est-ce qu'il se passait ? Il n'arrivait plus à réfléchir. Il voyait des femmes et des enfants se faire assassiner sous ses yeux. Des hommes essayant de protéger leur famille avec des bâtons se faire empaler par des épées acérées sans pitié.
Dans le chaos général, il aperçu deux hommes en armure qui essayaient d'incendier une maison proche de lui avec leurs torches.
"Bordel... Je comprend que dalle, ça veut pas cramer !",
vociféra le premier qui essayait de l'allumer.
"C'est quoi cette connerie, on nous avait pas dit que ça brûlait pas leurs baraques !",
grogna le second qui en tournant la tête, aperçu Sol, toujours paralysé par la peur. "Hé, matte ça, y'en a encore un là !"
"Je vais me le faire celui-là, laisse le moi !",
ricana le premier en passant sa torche au second.
Sans crier gare, il fonça alors vers Sol, dégainant au passage son épée. Il la pointa directement vers sa tête. Sol le regardait arriver, sa vision floue à cause de ses larmes qui ne s'arrêtaient pas de couler. Son corps incapable d'obéir au moindre de ses ordres, il regardait approcher la mort sans vraiment comprendre la situation. L'homme en armure arriva à son niveau, pris de l'élan dans son geste en poussant un cri barbare.
"Crève, petite enflure !"
Sol ferma aussitôt les yeux. Là, se passa un instant qui lui sembla durer des minutes, des heures, des jours entiers. Mais rien ne se passa. Il rouvrit doucement les yeux, et il vit son père qui était en train de le secouer par les épaules. Il le voyait parler les sourcils froncés, mais n'entendait pas ce qu'il disait. Tout était sourd, il n'entendait plus rien, tout s'était arrêté. Il regarda autour de lui lentement, le regard vide, et vit l'homme en armure gisant à terre. Il reposa son regard sur son père qui continuait de le secouer, et à sa droite, il vit sa mère, l'air inquiète. D'un seul coup, son ouïe revint petit à petit, les cris de son père se faisant de plus en plus distincts.
"Sol... parte... Sol... faut qu'on... SOL !"
Son ouïe revint. Il entendait à nouveau les cris d'agonie des villageois autour de lui, et son père lui parler.
"Sol ! Il faut qu'on parte ! Immédiatement !",
lui hurlait-il.
Sur ces mots, il s'empressa de le prendre sur son dos, les bras soutenant ses jambes pour mieux le maintenir. Et il commença à courir. Sol regardait sur le côté sa mère qui répétait que "tout allait bien se passer", en lui caressant la joue. En regardant de plus près, il la voyait pleurer. Au loin, il vit la maison de Noz, où rentrait plusieurs hommes en armure, les armes au poing. Il était encore déconnecté, tout ce qui se passait l'horrifiait, mais il ne comprenait pas la réalité. Tout semblait être un de ces horribles cauchemars dont il allait bientôt se réveiller. A cet instant, il tomba. Un homme avait eu le temps de faire bloc à son père et l'avait fait tomber. Sol fut propulsé par le choc et lancé en avant. Il atterrit sur ses genoux qui furent écorchés vifs au contact avec le sol. Il roula un peu plus loin de l'endroit du choc, près de fourrés. Là, il reprit doucement ses esprits, et essaya de se relever, sans y arriver. Il regarda derrière lui, et vit son père essayer d'empêcher l'homme l'ayant fait tombé de lui asséner un coup d'épée mortel. Pendant ce temps la, sa mère courait vers son fils pour essayer de venir l'aider.
Mais, le temps sembla s'arrêter net. Sol écarquilla tellement les yeux qu'il avait l'impression qu'ils allaient sortir de ses orbites. Des larmes brûlantes coulèrent sur son visage écorché par sa chute. Sa mère tomba, une épée lui ayant transpercée la poitrine, tout proche de lui. Le souffle du garçon s'arrêta, et son ouïe plongea encore une fois dans les ténèbres. Il vit l'homme qui venait d'assassiner sa mère l'apercevoir, et se diriger vers lui. Son père eu le temps de se jeter sur celui-ci en essayant de l’assommer, pour enfin arriver à le faire tomber. Cependant c'était au prix de ne pas surveiller ses arrières, et il fût lui aussi empalé devant les yeux impuissants du jeune garçon. Son coeur battait désormais tellement vite qu'il sentait une intense douleur dans sa poitrine. Les deux assassins contemplèrent un instant leurs victimes sans l'ombre d'un regret, et posèrent leurs yeux malsains sur Sol, qui était paralysé. Au fond, on pouvait apercevoir le massacre qui poursuivait sa mélopée nocturne, les corps des villageois se faisant de plus en plus nombreux à terre.
Ils marchèrent lentement vers lui, comme des prédateurs sachant que leur proie ne peut plus rien faire pour être sauvée. Ils levèrent leurs épées souillées par le sang encore frais de ses parents gisant devant lui, et s'apprêtèrent à l'achever lui aussi, sans pitié ni remords. Sol eu le temps de cligner des yeux. Mais encore une fois, le destin s'acharna à lui prêter main forte. Une dragodinde sortie des fourrés qui étaient derrière lui en sautant par dessus sa tête. Elle cogna de plein fouet de ses pattes les deux hommes qui furent projetés et écrasés en arrière. La bête était visiblement ornée d'imposantes pièces d'armure. Sol cligna encore une fois des yeux, et l'homme qui la montait le saisit par le col pour le soulever, et le poser devant lui. Sol cligna une dernière fois des yeux. Il vit une dernière fois son village, il entendit une dernière fois les hurlements de souffrance de ses villageois. Et il vit une dernière fois l'image de ses parents, gisant au sol et baignant dans leur sang.
Il cligna encore une fois des yeux, mais ne les rouvrit pas.
Il s'était évanoui.
Page précédentePage suivanteDerniére modification le 24/06/13 é 05:04
Enfin après tous c'est ton carnet tu fais ce que tu veux....