Ayant enchainé cinq Zaaps, un sacré moment de randonné et une demi journée de bateau, Gorgan ne fut pas déçu de pouvoir enfin débarquer. Le quai où il avait débarqué après avoir déjeuné sur le pont ne lui inspirait pas confiance de par sa nature de bois à demi-pourri. Il se dépêcha de toucher la terme ferme. Ou plutôt la glace ferme. Ici, tout n'était que glace et neige à commencer par les habitations, faites de briques de glace gelées qui donnait à l'ensemble un certain air...morne. Il relit rapidement la missive de son oncle : il devait aller trouver un certain "devin" et lui donner l'autre lettre. Une adresse était inscrite sur enveloppe. Ironique, Wayter précisait que l'isolement de la zone l'autorisait à parler directement de sa destination. Pessimiste, le Vice-Gouverneur de Brâkmar visualisa sa dépouille, gelée sur ces côtes. Sur sa gauche, un écriteau blanc pendait à une grande maison. En s'avançant vers lui, l'écaflip pu lire que c'était la taverne. Voulant se réchauffer, il poussa la porte faite de sapin :
«Bonjour, dit le neveu du Gouverneur de Brâkmar. Je suis bien dans la taverne?
-Tiens un voyageur, répondit un pandawa caché derrière un muret de neige tassée. »
Le pandawa ne portait pas les habits classique de sa classe d'alcoolique mais un gros manteau de fourrure.
«Vous voulez quoi monsieur?
-Ce que vous avez de plus chaud.»
Bien qu'habillé avec de la rarissime fourrure lunaire trop souvent confondue avec celle du mulou, il grelotait. Le pandawa revint avec un potage qui fumait.
«Et voilà! La soupe de la maison, chaude à point. Ne vous gênez pas, toutes les tables sont libres.»
De fait, à part le tavernier et son client qui venait d'entrer, personne d'autre n'était là. Gorgan fut réchauffé dès la première gorgée. Celui qui la lui avait servie lui fit un clin d'œil en remarquant son air de surprise face à un tel effet.
«Buvez tant que c'est chaud. Si vous voulez, je vous en rempli trois gourdes pour plus tard.»
Le client opina. Il but sa soupe en prenant son temps pour ne pas gaspillait son effet revigorant.
«Ça me fera combien?
-Trois Kamas pour la soupe puis cinq pour les gourdes, vous avez droit à une réduction. Il vous faut autre chose, demanda le pandawa.»
Gorgan sortit sa bourse magique la somme demandée. Il soupira en remarquant que le voyage en bateau avait consommé un quart de son crédit.
«Oui, je cherche un devin.
-Je ne connais aucun devin dans le coin. Le futur ne se prédit pas de toute façon.
-Attendez un instant s'il vous plaît, requit l'écaflip en relisant l'adresse. Voilà, c'est au bord d'un vieux lac qui servit de mine avant le Chaos.
-Ah! C'est dans les restes de Frigost! Une petite heure de marche vers le Nord-Ouest. Mais il n'y a rien que du blizzard là-bas.
-Frigost?
-C'est le nom d'une vieille colonie gelée par un dieu jaloux. Nos légendes disent que toute la glace de ce pôle provient de là-bas, expliqua le tavernier. Je n'y crois pas, mais il est vrai qu'un froid anormal règne près des ruines.
-Merci.
-Oh mais de rien. Bon voyage! N'hésitez pas revenir, le salua le tenancier en souriant amicalement.»
Gorgan poussa la porte pour sortir. Le froid le gela tandis qu'il commença sa randonnée.
«Mon ami était mal en point et perdu qui plus est. Heureusement, une disciple d''éniripsa très douée passait par là.»
L'effroi se substitua à la surprise dans les yeux du Chef des Gardes. Heymez, celui là même qu'il avait tué, lui souriait avec un air narquois plein de sous-entendus. Son visage semblait lui dire : "Rebonjour, assassin. Tu m'as tué? Je lui ai tout raconté à cette éniripsa qui m'a ressuscité. Oh, au fait, tu oublies quelque chose!" La Princesse elle, passait de la stupéfaction pure et totale à un mélange de bonheur et de haine. Étrangement, la seconde émotion était ciblée contre Miss Étincelle.
«Bonsoir Colette. Cela faisait si longtemps, sœurette.
-Hey, cria Colette en se jetant sur lui. T'étais passé où durant tout ce temps.
-Je suis resté plus discret que toi, répondit Heymez en arrêtant de cacher sa joie. Prendre le contrôle de l'Alpha, c'était un coup risqué, sœurette.
-Tu sais bien que je suis né un an avant toi.»
Reprenant le dessus sur ses émotions, le xélor entama une conversation avec un noble de sa connaissance (bien que cette désignation n'ait aucun sens, étant que toutes les personnes de la salle lui étaient connues). Très vite, la réaction en chaîne attendue eut lieu : de bavards en bavards, les discussions reprirent un niveau sonore élevé si bien que l'orchestre dû en faire de même. Les retrouvailles pouvaient se passer dans un contexte un peu moins propice à l'espionnage.
«Notre dernière mission, un fiasco! Et pourtant, on s'est bien foutu de ce xélor!
-Tu ne crois pas si bien dire. Dire qu'il n'a jamais su que tu étais dans le coup!
-Dis-moi juste comment t'es-tu mis sur la route de cette manipulatrice.
-Manipulatrice? Elle m'a sauvé la vie! Je me désincarnais très vite. Non seulement elle m'a tiré de là, mais en plus elle m'a intégralement soigné!
-Tu veux savoir dans quel état ton petit frère était, susurra la belle à l'oreille de Colette. Tête explosée comme une tomate trop mûre, cerveau qui sortait liquéfié, morceaux de cette même masse crânienne par terre, je te passe les détails. Phénomène de désincarnation accéléré. Grâce à qui? À ton Oracle favori! Il lui avait fait exploser la tête pour le tuer.
-Et comment sais-tu que c'est lui, rétorqua la crâ.
-Je connais bien les effets de la lame qu'il nous a acheté.»
Rhigalt, comprenant par intuition que ces messes basses finiraient par tourner autour de lui, décida de les interrompre.
«Vous semblez vous connaître plus que je ne le croyais.
-Au moins autant que je vous connais, rétorqua le crâ qui y prenait un malin plaisir.»
Une annonce enleva au Chef des Gardes la lourde charge de répondre. Ilof leur annonçait que les musiciens allaient entamer une valse à laquelle ils étaient tous conviés. Chose illogique que de préciser ce point puisqu’ils s’étaient rendus en connaissance de cause à un bal. La musique se fit lancinante, les discussions reprirent au fil des notre et des pas. Miss Étincelle éblouissait par sa grâce tous ceux qui tournaient le regard vers elle. À côté, Colette pourtant noble dans son armure de Samoussaï et avec ses cheveux châtains rabattus sur ses épaules n'était même pas aperçue.
«Vous connaissez très bien mon cavalier à ce qu'il paraît, glissa l'éniripsa au xélor entre deux pas.
-J'ai dû engager des Encapuchonnés pour une ou deux missions jadis.
-Lorsque vous étiez encore en poste de diplomate à Bonta?
-Que vous a-t-il dit, s'effraya Rhigalt.»
Il n'eut de Miss Étincelle pour toute réponse que son sourire enivrant. Rhigalt se concentra. Il perdait la main si vite. Faisant le vide dans son esprit, il se laissa guider par la meneuse de l'Alpha.
«Une vraie vipère, n'est-ce pas, ragea cette dernière. Il est grand temps que quelqu'un s'en débarrasse.
-Princesse, arrête tes allusions et donne moi ton plan.
-Le grand Rhigalt réclame mon aide, siffla Colette. Elle doit vraiment te déstabiliser.»
Une autre série de pas le ramena près de la belle :
«Avez-vous obtenu les informations que vous vouliez, murmura-t-elle au creux de l'oreille du Chef des Gardes?
-Je cherche un interprète, reconnu Rhigalt avant de comprendre qu'il venait d'avouer à la fois qu'il avait travaillé sur la serrure, qu'il ne pouvait pas lire ce qu'il voulait et qu'il fuyait l'aide de Miss Étincelle.
-Je suis sûre que vous trouverez la personne idéale, le rassura l'éniripsa en se rapprochant encore plus de lui.»
La musique repartit dans des notes aussi aiguë que brèves. Celui qui cherchait Fatale en profita pour revenir vers la Princesse, comme à regret :
«Ce serpent à gagné en puissance s'il arrive à te pervertir en si peu de temps.
-Je ne sais pas comment elle fait, haleta l'Oracle de l'Alpha.
-Comme Ombrage perverti Vampyro. En te susurrant des mots doux.
-Il n'y a pas que ça : lorsque je suis près d'elle, rien d'autre ne compte. Toutes mes pensées sont dirigées vers elle. Ses cheveux, ses yeux, sa robe, sa voix, sa peau, sa douceur, je ne souhaite que ça. Je tuerais Xélor en personne si elle me le demandait. Ses mots sont plus dangereux que les dagues de Sram. Je ne peux m'empêcher de penser qu'elle vaut bien mieux. Je ne vis que pour elle. Je ne pense qu'à elle. Je meurs pour elle. Je l'aime enfin.
-Reconcentre-toi! Tu es capable de la contrer!
-Je ne le peux plus.
-Visualise autre chose. Impose-toi une image heureuse. Souviens-toi qu'une fois qu'elle aura tiré de toi tout ce qu'elle veut, elle te brisera. Comme elle a brisé Well.»
Le nom de son ancien supérieur le sortit de son étant pensif et amoureux. Trop tard. La scientifique, toujours avec grâce, poursuivit ses pas et prit Rhigalt par les épaules :
«Vous avez l'air soucieux! Quelque chose ne va pas?
-C'est bien ma chance. Le jour où je regarde enfin une personne aussi belle que vous, elle n'a qu'une envie : me tuer.
-Je ne vous savais pas si poète : vous êtes décidément plein de surprises.
-Comment faites vous cela, gémit le xélor en serrant les poings. Je ne me contrôle plus!
-Toutes les personnes disent cela la première fois, expliqua Miss Étincelle avec un air nostalgique.
-Quelle première fois?
-La première fois qu'une sorcière bellaphone les mène à leur perte, s'introduit Colette.»
Miss Étincelle allait répliquer à cette offense directe très culottée, lorsque son regard se porta sur un infime point situé derrière le Chef des Gardes. L'assassin invisible réagit vite. Un centième de seconde plus tard, sa dague se plantait dans la nuque de sa cible.
Un centième trop tard. L'objet mortel se volatilisa avant de toucher le xélor. Le sram allait porter un autre coup en pivotant sur lui-même. Un coup phénoménal porté une main recouverte d'une armure métallique l'en empêcha. Ironie du sort, sa propre cible venait juste de le mettre hors-jeu. Il explosa. Le sram d'origine, et non le double, manqua d'égorger Rhigalt en se glissant parmi les ombres. Son geste se suspendit. Le temps devenait long. Long. Toujours plus long. Le sort se disloqua. Le sram avait disparu. Sa tête roula au sol. Après, on comprendra qu'il s'était suicidé. Pour l'heure, le membre du Gouvernement en tenue de Samoussaï s'arqua le dos si vite que son mouvement fut flou. L'épée passa deux centimètres au-dessus de son nez. Le iop qui la maniait sourit. La lame reparti. Rhigalt n'était plus là. Dominant le foule de son cadran, ce dernier s'était éloigné et avait retrouvé son efficacité froide. Le déphasage de l'éniripsa brisa l'épée. L'instant suivant, l'homme s'effondrait. Un crâ embusqué tenta bien de flécher les deux combattants. Un éclair bleu provenant du collier de Miss Étincelle le désintégra. Lorsque la scientifique observa l'Oracle, elle comprit qu'il n'avait pas besoin d'aide. Ses trois agresseurs se figèrent, bloqués mais pas morts. Profitant de la situation, Colette adressa à son bras droit un signe de tête. L'éniripsa s'aperçut qu'elle en était la cible. Les tirs de la crâ se perdirent sur son déphasage. Le chaos s'ensuivit.
Les invités se bousculaient pour fuir. Certains, courageux, combattaient à un contre six des assassins qui n'en cessait pas de venir. Des musiciens sortaient de leur instruments un arc, des dagues, des masses et tant d'autres armes. Les fenêtres explosèrent, ouvrant la voie à une nouvelle vague de tueurs.
Miss Étincelle pivota pour esquiver un coup. Le sacrieur voulut lui en donner un autre. La flèche de Colette, initialement destinée à l'éniripsa, l'aveugla. La crâ en Samoussaï patientait : inutile de gaspiller ses flèches sur un déphasage. Elle sauta sur une tête pour se projeter sur le balcon. Les tueurs voulurent l'intercepter. Leurs mouvements devinrent lourds. Comme tous les mouvements. Le Chef des Gardes avait lancé un Ralentissement assez puissant pour freiner tout le manoir. Les plus puissants arrivaient encore à avancer mais si lentement que cela n'en valait pas la peine. Rhigalt sortit de son sac l'aiguille offerte par Evayn. Une perle de sueur coula sur son masque. Il assomma un à un les traitres les plus proches. Le souffle d'une détonation rasa son cadran et brisa sa concentration. Libérés du maléfices, les combattants en état de se battre reprirent leurs affrontements. Des Gardes fraîchement débarqués bousculèrent les invités en débandade pour faire face au flot de combattants. Heymez avait disparu.
«Colette!»
Miss Étincelle venait de crier. Dans sa superbe bouche, l'ordre sonnait à la fois comme une réprimande, une invitation et une autorité plus que divine. N'importe qui, sous le poids de cette injonction aussi brève qu'impérieuse, aurait quitté sa place. Pas Colette. Elle se mit à tirer des flèches Harcelantes sur son ennemie dont le déphasage faiblissait. En parallèle, les musiciens se mirent à quadriller la salle sans gêner la crâ qui se tenait près d'eux. Elle frappait l'amie d'une cible. Un écaflip, un iop et un osamodas se jetèrent simultanément sur le xélor. Le dernier, bien qu'en symbiose, fut accueilli par un tranchant acéré et rapide comme le vent. Il fut coupé en deux. Le premier réussit à esquiver le coup de l'aiguille. Une carte fusa vers Rhigalt. Elle ne l'atteint jamais. Elle s'évanouit en vol. Il en advient de même pour la masse que le iop comptait abattre sur le crâne de son adversaire. Tout deux n'eurent qu'une grimace pour dernier visage. Rhigalt se retourna pour voir son allié invisible. Il ne trouva que le visage de l'éniripsa qui lui adressait un sourire encourageant en hochant la tête pour répondre à son interrogation muette.
De nombreux assassins voulaient éliminer la belle et s'approchèrent, invisible ou caché. Tous eurent un mouvement de recul désespéré en découvrant son visage.
«Colette!»
Une fiole violette jaillit de la main de la scientifique et fusa vers l'interpellée. Cette dernière ne dut sa vie qu'à un tir perdu qui dévia d'un pouce la fiole. Un nuage blanc et âcre se dégagea de la zone d'impact entre le mur et le fluide. Une mousse se mit vite à se former en abondance. Mousse qui se révélât collante.
«Colette!»
Il sembla aux présents que l'air et la lumière tremblèrent sous ce troisième appel. Plusieurs musicien et assassins, pourtant non visés, subirent des dommages collatéraux : ils sautèrent sans hésiter les mètres qui les séparaient du sol. La Princesse décocha une flèche venteuse vers la belle. Elle propulsa cette dernière loin.
«Rhigalt! Fini-la, hurla Colette.»
Le Chef des Gardes pivota, plia les genoux, plaça son aiguille dans une garde parfaite et... Ne bougea plus. Une tempête fit rage dans son esprit. Il pouvait se débarrasser, ici et maintenant de celle qui le tourmentait. Mais elle était sans doute aussi celle qui l'avait plus qu'aidé en désintégrant le métal des armes de certains de ses assaillants. Non! Elle ne cherchait que sa propre fin. Il n'avait même pas de poste de Vice-Gouverneur pour elle. Elle était si belle. Un démon! Si douce. Une manipulatrice qui avait relevé Heymez. Si chaleureuse. Un piège! Si innocente...
Il remarqua que celle qui tourmentait ses pensées, acculée entre une colonne et lui, comprenant qu'elle ne pouvait fuir, avait baissé la tête. Elle se tenait à genoux devant lui, inclinée, tête baissée. Ses douces mains écartèrent comme à regret, en tremblant, sa divine chevelure captivante de son cou. Deux longues traînées d'or mêlées d'argent fleuri tombaient désormais de chaque côté de ses épaules. Ses mains se placèrent sur ses genoux. Son cou était nu. Rhigalt leva son arme. Son geste était lent. Le temps s'écoulait correctement.
«Tue-la! Tue-la!»
Elle s'offrait à lui. Sa peau si exquise ne tremblait presque plus. Le xélor hésita.
«Renvoie cette sorcière dans les abysses avant qu'elle ne se déphase!»
La lame au tranchant si mortel débuta sa fatale décente.
Une perle coula sur une joue parfaite. Elle glissa doucement jusqu'à tomber sur le sol. Où elle fut rejointe par une autre. Et une autre.
L'aiguille chuta par terre dans un fracas métallique. Colette, qui couvrait son Oracle par ses tirs, cria suffisamment fort pour effrayer Ogrest :
«C'est ce qu'elle veut! Ne tombe pas dans le piège!»
Elle dût se baisser pour éviter un tir des musiciens qui l'avaient vu couvrir leur cible. Lorsqu'elle se redressa, protégée par une colonne, elle assista à sa défaite. Rhigalt avait relevé Miss Étincelle et la tenait serrée contre lui. Les larmes coulèrent de plus en plus vite sur le visage impeccable de la belle qui se collait au Chef des Gardes.
Pestant contre son ennemie jurée et ses talents de manipulation, Colette sortit une balise pour fuir. Une fois à l'extérieur, elle se fondit dans l'obscurité de la Havre-Monde. Elle ne pariait pas grand chose sur la vie des assassins : contre son Oracle et la scientifique, ils avaient autant de chance de mourir qu'un énutrof de ne pas se jeter sur un Kama abandonné. Mieux valait partir et retrouver Heymez pour se venger plus tard.
Dire qu'elle avait atteint le plus haut rang de l'Alpha et qu'en une soirée une fourbe l'avait ramené à son ancien état d'Encapuchonnée.
Deyjin s'avança dans la salle blanche. Conformément aux conseils, il posa sa Hache de Grou à l'entrée et prit la deuxième porte. Elle débouchait sur un mur poussiéreux. Il y dessina du bout de l'ongle un signe complexe constitué d'arcs et de lignes entrelacés. Il referma la porte. Celle-ci coulissa sur le côté et dévoila un accès vers un mince escalier. Descendant celui-ci, il déboucha, après un bureau, sur une petite chambre simple éclairée par des bougies. Un grand lit parfaitement bordé couvert d'un fin duvet vermeil prenait la plus grande partie de la pièce en étant accolé au mur droit. Deux portes recouvraient le mur gauche. Une armoire taillée dans un bois clair dont l'une des portes était recouverte d'un miroir sans trace d'impuretés s'accolait au mur du fond. Une table de chevet se tenait entre le lit et l'armoire.
Le frère de Saurek ne tenta même pas de forcer quoi que ce soit. Il sourit, aussi fier qu'arrogant, et inséra une minuscule clé argentée, plus petite que son ongle, dans un ornements du cadre du miroir, qui pivota. Une bibliothèque constituée d'une dizaine d'ouvrage s'offrait à lui. Il n'hésita pas et prit un livre situé presque au milieu de la pile. Sur couverte bleue était gravé en lettres de saphir le titre qu'il recherchait. Le féca s'installa sur le lit et entama sa lecture :
Jour 572
Mortica a attrapé un cobaye. Encore un iop. Je le lui avais pourtant dis de privilégier des cibles plus intelligentes! Mais bon, si elle et sa troupe de mercenaires n'ont rien trouvé de mieux.
Le générateur avance bien. Bahamer fignole les derniers détails de l'alternateur. Si seulement cette Énergie noire cessait de se manifester! Tiens, je lui ai mis une majuscule. Comme si c'était une vraie composante du Krosmoz et non un simple produit.
Deyjin tourna les pages qui contenaient des schémas trop complexes :
Jour 579
Je profite d'un rare moment libre où ce Chef des Gardes est occupé par Bahamer pour rédiger ce passage. Ce féca m'en aura donné du fil à retordre. Si jamais il venait à être libéré de nouveau, je devrais utiliser Nidhrÿlb. Mais bon, coincé comme il est... Je m'en veux de n'avoir pas parlé de mon réel projet à Evayn et Bahamer. Elles m'auraient comprise et aidée. Mais je ne peux me permettre de leur faire porter ce poids.
Une feuille glissa des pages. Elle paraissait vieillie et racornie par le temps. Des formules mathématiques s'enchaînaient dessus. Il en regarda l'autre côté. Une liste gribouillis se superposait à d'autres formules; le sceau d'une Académie indiquait qu'il s'agissait d'un ouvrage destiné aux recherches L'encre, plus qu'usée par des dizaines d'années, partait en poussière par endroits :
... fusion d'être vivant : il est à notre connaissance impossible de mélanger deux êtres vivants par état avatar/origine. Par contre, les héritiers d'Otomaï ont trouvé une technique de scission/fusion. Le problème est que les deux espèces doivent être assez proches, au moins pour "pouvoir se reproduire". Et puis, le sang des deux espèces doit être dans le patient. Et surtout, le patient ne doit pas le rejeter. C'est là que le problème se pose.
Leurs expériences ont toutes échouées. Ils se sont mis en tête de faire un croisement bouftou/bouftou nuageux avant la scission/fusion. Ce projet est basé sur le fait que le sang des deux races seront dans l'hybride et sera donc accepté. Un jour, un de leurs membres les plus terre à terre leur a fait remarquer que s'ils veulent réellement observer le phénomène de passage entre les états, ils devaient avoir un patient qui comprenne leurs injonctions. Un habitant du monde des Douze, somme toute. On lui a rétorqué qu'il n'avait qu'à aller faire fleurette avec une bellaphone. Un autre s'est moqué en disant que même un iop n'était pas assez proche de bouftou. Pourtant, sa remarque était censé...
Ce projet aboutira-t-il? Seul l'Histoire le dira.
Désintéressé, le disciple de la déesse emblématique de la protection regarda la dernière page qu'il avait survolé. Un féca. Ce pouvait être son frère. Il allait prendre sa revanche sur ce faiblard. Il ne remarqua pas le lapino qui, avec son petit air innocent et attachant, l'observait depuis le bureau.
La première chose que Daniel remarqua en se réveillant fut la couleur du ciel : il était noir. Le soleil brillait pourtant. Des nuages passaient de temps à autres et, à l'instar d'une journée d'été paradisiaque, un vent léger rendait agréable la caresse des rayons de l'étoile majestueuse. Le ciel était noir. Le Porteur blond sauta avec une souplesse féline sur ses jambes. Il scruta le ciel, à la recherche d'un indice quelconque sur cet anomalie. C'était comme regarder un trompe-l’œil parfait, tout en sachant que ce n'est qu'une illusion. Le ciel n'était pas noir à proprement parler, il était juste... absent. Si l'on se concentrait suffisamment, on apercevait d'ailleurs de pales étoilés qui tentaient vainement de rivaliser avec la brillance du Soleil. Il se détourna du paysage céleste et s'attarda sur ses vêtements : il portait une tunique à manches longues de soie bleue très légère et un pantalon de velours de la même couleur. Ses pieds et sa tête étaient nus. Il se baissa et ramassa Ösrigur, qui traînait négligemment par terre.
Une immense prairie recouvrait le paysage d'un horizon à l'autre. Seul tâche dans cette étendue verte surmontée de la noirceur stellaire, un cercle de pierre se dressait à quelques kilomètres du Porteur. Invisible pour un œil normal. Plus que visible pour celui qui possédait le sceptre Inespéré. Daniel sourit, enchaina des gestes dans l'air avec Ösrigur et cligna des yeux. Lorsqu'il les rouvrit, il était juste devant la roche circulaire, qui lui arrivait à la taille. Vue de plus près, celle-ci était recouverte de cercles et d'arabesques de saphir pur. Les formes s'entremêlaient et se superposaient tant qu'il était impossible de savoir s'il s'agissait d'une seule boucle courbée à l'infini ou d'une multitude de tracés. Au milieu du socle de pierre gravée, un cercle se détachait : ce disque d'un petit mètre de diamètre était entièrement fait de saphir et n'était traversé par aucune arabesque. Des inscriptions runiques en diamant le bordaient. Au centre exact de ce disque, un point à peine plus visible qu'un grain de sable luisait doucement.
Daniel s'avança sur l'autel de pierre et entra dans le disque central pour mieux l'examiner. Il se pencha sur le centre luminescent et commença inconsciemment à comprendre. Sa tête se releva et regarda la voûte transparente : de fins filaments de nuages la traversaient en ne masquant nullement la lumière des étoiles. A l'horizon, le crépuscule tombait comme dans une nuit d'hiver. Sans le savoir, le jeune homme exécuta les mêmes gestes que bien d'autres avant lui. Il se mit à genoux juste devant l'étoile minuscule enchâssée, mit ses mains sur ses genoux et coinça le sceptre en ses bras et ses jambes. Il ferma les yeux. Il voyait comme en plein jour. Le Porteur se concentra. Sa vision passa d'une fréquence à l'autre, les spectres lumineux défilèrent de plus en plus vite devant ses yeux. Un torrent d'images le submergeait. Dans son dos, un minuscule point vert acheva le crépuscule. Le flot d'information s'unit en un seul dans ce qui sembla au garçon blond un flash digne d'un éclair. Un spectre lumineux inédit remplaça l'infinité de visuels. Ses yeux fermés virent un paysage fait de teintes du bleu qu'il ne connaissait déjà que trop pour l'avoir tant vu sur Ösrigur. Le centre étincelait redoubla d'intensité dans cette gamme de couleur. Certaines arabesques s'était éclaircies là où d'autres avaient gagné en contraste. Toutes pulsaient très doucement tel les derniers instants d'une bougie. Les yeux clos du Porteur admirèrent les runes bordant le disque. Elles s'étaient mises à tournoyer sur la bordure et brillaient comme un diamant en plein soleil dès qu'il posait ses yeux sur elles.
Tout à coup, un flot de connaissance rompit sa concentration. Le décor reprit ses couleurs normales. Daniel en eut le souffle coupé. Il savait ce qu'il devait faire, c'était plus que de l'instinct. L'ami de Victoire se voyait lui-même en train de faire ces gestes. Il expira lentement et recommença. Ce fut plus facile. Les teintes de bleu revinrent. Une bouffée d'air rentra dans ses poumons pour en ressortir presque aussitôt. La vue du Porteur se focalisa sur le point central. Celui-ci, lentement, s'éleva au niveau de ses yeux. Il enfla au même rythme si singulièrement calme. Daniel aurait dit qu'il respirait. Cette simple pensée lui coûta son calme et l'enchantement. Il attendit patiemment que son esprit soit plus limpide que l'eau d'un ruisseau et reprit. L'étoile minuscule refit la même ascension et enfla. Elle s'agrandit de plus en plus vite jusqu'à devenir une coque plus fine qu'un cheveu recouvrant l'autel. Un second point lumineux décolla du centre. En le faisant grandir, le jeune homme aux yeux verts découvrit un ensemble de cercles, de courbes et de cercles des plus complexes. Sous ses yeux, sous sa volonté, ces filins plus éblouissant qu'une étoile pivotèrent, se croisèrent, se recouvrirent pour fusionner en une seule et unique figure. Daniel, satisfait de reconnaître la rune attendu, fit rétrécir le résultat et l'enchâssa au milieu du disque.
A l'instant même elle toucha ce centre, les runes bordant le disque se mirent à tourner de plus en plus vite. Elles se détachèrent elles aussi du sol et, sans quitter leur trajectoire circulaire, virent à la même hauteur que la première étoile précédemment. Daniel glissa son regard de l'une à l'autre, jusqu'à ce qu'elles soient toutes illuminées. Elles explosèrent presque tendrement pour donner une poudre qui retomba sur le cercle de saphir. Ce dernier dégagea une telle lumière que l'ancien disciple du Kanojedo en fut aveuglé. Sa cécité passagère vaincue, le Porteur s'aperçut que l'énergie du disque coulait dans les arabesques et les rendaient aussi vives qu'elles pouvaient l'être. Sur la coupole évoquée, des runes familières flottaient en se déplaçant sans sens distinct. Daniel se releva, sortit du disque et examina la source de l'énergie. Le centre circulaire de l'autel de brouillait : de pierre précieuse devenue lumière, elle paraissait migrer vers un troisième état.
«Félicitations. Ce n'est pas rien ce que tu viens de faire.»
Il se retourna vivement. Un homme sur lequel il aurait été incapable de lettre un âge se tenait juste derrière lui, et s'avançait pour venir à ses côtés.
«C'est un bel enchantement pour débuter. J'ai toujours adoré réveiller cet endroit, c'est comme le ramener à la vie.»
Le jeune Porteur constata qu'il avait raison. La magie de l'endroit était devenue si forte qu'elle se sentait dans l'air, comme un frisson maternel.
«Vous savez comment le faire, s'étonna celui qui jusqu'à récemment n'avait joué que de malchance.
-Bien sûr. Cet autel et moi, on est comme des frères, avoua l'inconnu en caressant une arabesques.»
L'homme portait une longue tunique de la teinte même des runes d'Ösrigur qui lui tombait sur le bout de ses bottes et montait jusqu'à son cou. Ses manches s'arrêtaient au dessus de ses poignets. Des liserés ornaient de leur douce lumière les bouts des manches et le bas de sa tunique. Ses yeux rappelaient le saphir qui abondait - avant qu'il ne révèle sa vrai couleur sous l'enchantement - autour d'eux tandis que ses cheveux était d'un bleu ciel éclaircit. En s'apercevant qu'il portait autour de son cou un collier fini d'une fleur, Daniel fut certain de l'avoir déjà vu. Il portait une chevalière frappée d'un sceau à sa main gauche et une cape tombait à ses pieds.
«Quoiqu'il serait plus juste de dire "comme un père et un fils", compléta le nouveau venu.
-C'est vous qui l'avez créé? A quoi sert-il?
-Ce n'est pas vraiment moi qui l'ai créé. Enfin si, mais je ne peux pas prétendre lui avoir donné toute sa puissance. Imagines qu'un voyageur, égaré, perdu dans un désert de roche, finisse soudain par trébucher sur un tout petit caillou tant il est éreinté. En se relevant, il se rend compte que ce caillou est une pépite d'or. Des jours plus tard, lorsqu'il finit par sortir plus mort que vif du désert, il loue une chambre dans une auberge et achète une dragodinde. Avec elle, il retrouve sa pépite d'or et creuse autour. Il s'avère que ce qui n'était qu'une pépite n'est en fait que le bout d'un gigantesque filon d'or. En quelques semaines, il a installé une mine des plus modernes au beau milieu de rien. Bien sûr, des collons viennent de partout pour faire fortune! Une ville se forme en quelques semaines autour de l'installation. L'heureux égaré finit par faire fortune. Mais qu'est-ce qui lui a donné cette fortune? Sa mine? Elle ne vaut rien sans l'or. C'est l'or qui rend la mine intéressante. Cet autel que tu as réveillé c'est la mine. Mais je n'ai pas créé la magie profonde, je l'ai juste rendue utilisable. Comme l'or.
-Vous aussi vous étiez perdu?»
A cette question franche et candide, l'homme aux yeux saphir répondit par un rire cristallin.
«Poursuivi. Ce n'est pas une mine, Ici, ce n'est un portail.
-Un portail vers quoi? Et qui part d'où?
-Le bon vieux où suis-je! Cette planète, ce plan pour être plus précis, est un carrefour accessible depuis une foule de plans. Mais ce qui m'y intéresse le plus, et ce que ce lieu exploite, c'est sa légèreté.
-Hein?
-La zone précise où se trouve le disque central que tu as réveillé et à plus forte raison son centre absolu est un point faible de la "réalité", un endroit où la pression de la Création est assez faible.
-Et donc?
-Et donc il permet d'accéder à d'autres Temps sans passer par la Trame.
-La Trame, répéta Daniel.
-Prends ma main, je vais te montrer, proposa l'homme.»
Le Porteur glissa ses doigts autour des siens. L'autre lui fit un sourire rassurant et l'entraîna dans le disque devenu lumière liquide.
Ils réapparurent au beau milieu d'une terre désolée, submergée par les flots. Le tonnerre grondait, des éclairs bombardaient l'océan et ce qui restait de roche.
«Où sommes-nous?
-Sur le Monde des Douze.
-Impossible!
-Tout comme il est impossible de réactiver un Zaap incomplet. Nous sommes sur le Monde des Douze tel qu'il aurait pu être. Pour être plus précis, tu marches actuellement sur le sommet du Mont Zinit. Dans ce Temps-ci, les Douze n'ont pas accordé une seconde chance au monde. Ogrest est mort, fou de malheur mais ses dégâts persisteront à jamais.»
Le blond contempla le massacre environnant.
«C'est...
-Apocalyptique. Laisse-moi te montrer un autre présent.»
Une fois de plus, il prit sa main. Ils se volatilisèrent, tout simplement. L'instant d'avant ils étaient au milieu des flots prêts à les submerger. L'instant d'après, le raz de marrée ne rasa qu'un rocher vide. Cette fois, c'était un monde en ruine qui les accueillit. Une bataille semblait faire rage. Des bombes pleuvaient, des flèches criblaient les sols et les bâtiments déjà à moitié détruit, des éclairs surgissaient d'un ciel limpide, des dragons et craqueuleurs écrasait ou brûlait les malheureux qui se plaçaient sur leur chemin, des ronces géantes perçaient les sols. Une tour immense s'effondra près d'eux.
«Ici, le Chaos n'a jamais eu lieu. Les empires de Bonta et de Brâkmar ont fini par s'effondrer sous leur propre poids. Tu assistes à ce qui sera sans doute la fin de ce monde. Les Dieux le relèvera peut être, ou pas.
-Mais... Ça n'est jamais arrivé.
-Sur ta ligne de temps oui. Viens, je vais t'expliquer.»
Daniel accepta encore une fois la main tendue. Un cercle de runes apparu autour d'eux. Les lignes de signes tournèrent et les symboles s'illuminèrent tour à tour. Un noir absolu remplaça le monde en flamme.
«Bienvenue sur la Trame.»
Sous eux, des lignes d'une infinité de couleurs coulaient. En regardant derrière lui, il vit que toutes les lignes avaient pour source une même droite, qui semblait ne pas avoir de début.
«Chacune des lignes que tu vois est un présent qui découle sur un nombre incalculable du futurs.»
En effet, les axes colorés se divisaient perpétuellement, tout comme ils étaient la division de l'origine.
«Où... Où est le vrai présent, dit l'ancien disciple avec un soupçon de panique dans la voix.
-Très bonne question. D'après toi, y a-t-il une seule "vraie" ligne et des fausses tout autour? Y a-t-il un seul Temps?
-Je ne comprends pas...
-On appelle parfois la Trame : le Temps des Temps, ou l'Entretemps. Toutes ces lignes sont "vraies". Chacun de ces Temps est différent, mais tout aussi réels les uns que les autres. Tu viens de l'un d'entre eux, d'un des présents possible. Pour autant, cela veut-il dire que ta ligne est la seule valable et que les autres soient fausses? Et si un autre Daniel venait avec nous ici, un Daniel qui viendrait d'un Temps très proche te demandait qui, de lui ou de toi, appartient à un événement probable mais non avenu et qui appartient au monde réel, avenu?
-Ce qui signifie que toutes ces droites...
-Sont aussi "vraies" que toi et moi.
-Si chacune de ces voies est un univers, on doit pouvoir y accéder?
-Tu touches là au vrai pouvoir de la Trame. Nous sommes dans le Temps des Temps, le Temps Originel. Tu peux visiter chacun de ces univers en venant ici. Cependant, si tu interagis avec l'un d'eux, il te faudra un carrefour léger pour repartir. Et, comme tu le verras, plus tu essayes d'aller loin dans le passé ou dans un futur, plus c'est compliqué. Et avant que tu ne poses la question, cette ligne originelle que tu voies est ta limite de déplacement. Les lignes prenant leur source avant te sont inaccessibles. En général, ce mur se situe un petit millier d'années avant ta naissance. Bien sûr, tu peux le repousser. Mais bon, un millénaire c'est largement suffisant, n'est-ce pas?»
Ils se mirent à tomber droit vers les lignes. Ils se volatilisèrent avant même d'avoir parcouru un mètre. Ils étaient à nouveau sur l'autel réactivé.
«Je pense que tu vas bientôt te réveiller. Il doit nous rester une dizaine de minutes.
-C'est un rêve?
-Quand bien même s'en serait un, cela veut-il dire que c'est un mensonge?
-Qui êtes-vous?
-On m'a donné bien des noms. Je suis celui qui a créé Ösrigur, Nidhrÿlb, et tant d'autres artefacts à partir de mon essence. Je suis le premier Porteur, et j'en serai sans doute le dernier. Je suis la Quatrième Force, l'anomalie, fondée par la vie. Je suis l'unité du tout. On m'a nommé par bien des noms. Le Père des Dieux, la Providence, le Hasard, la Vie, le Pourfendeur de Tyrans, la Justice Céleste, le Saint des Saints, l'Elu, le Quatrième, l'Ange des Cieux, le Juge des Douze, le Sauveur de Civilisations, l'Ultime, l'Arme absolue, et tant d'autres.
-Qui êtes vous, soutint Daniel.»
L'inconnu sourit :
«Mon nom ne te dirais rien. Il n'y a même pas de mot équivalent dans ta langue.
-Qui êtes-vous?
-Le nom qui s'en rapprocherait le plus est L'Espoir.
Page précédentePage suivanteDerniére modification le 13/08/13 é 09:29
Liste des principales mises é jour :
20/07/13 - Fin de ce premier Carnet!
La réponse à la question? Où se tient un Koinkoinvolver?