Wakfu

L'Espoir (Partie 1) - Les Carnets Nombre d'abonnés3 abonnés

Les contes du vieil Enutrof -> Les histoires au coin du feu
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Sur le sol sablonneux du Kanojedo gisait une quantité innombrable de cadavres. Lorsque leur tête n'avait pas été arrachée, c'était le corps qui avait été éventré. Un sang aussi poisseux que l'air ambiant dégoulinait des cadavres jusqu'au sol. Les yeux pendaient au bout de leur orbite. Là où il y avait autrefois des dortoirs ne restaient aujourd'hui que des restes fumants. La pluie tombait à grosse goutes. L'air était noir, poisseux, moisi et pestilentiel. Au pied de ce qui restait des dortoirs, une grande créature traçait des signes du bout de ses griffes dans le sol. Elle était presque deux fois plus grande qu'un homme adulte. Son corps était finement ciselé et ses muscles bâtis dans du roc. Ce corps était recouvert de lignes noires abstraites qui s'entrecroisaient sans signification apparente. Ses cheveux mats était coupés courts et son menton portait une barbe noire comme la nuit aux dimensions dignes de Sadida. Ses canines dépassaient d'un demi-centimètre les autres dents. Ses bras se terminaient par quatre griffes affûtées comme des rasoirs. Il portait une sorte de cape maintenue au niveau de l'épaule par une broche d'obsidienne, laquelle représentait une sorte de lettre. La broche soutenait également une chaînette de même couleur qui soutenait un katana à la lame plus noire que tout le reste. Son torse était nu; un pantalon déchiré recouvrait le haut de ses jambes jusqu'aux genoux. Le plus frappant dans son apparence étaient sans doute ses yeux : ils n'étaient que néant. Leurs pupilles étaient dilatées au point d'occuper la totalité des yeux.

Les signes se mêlaient de plus en plus à des droites et des arcs de cercle dans la cour. Une voix aussi vieille que le monde commençait à flotter dans l'air en psalmodiant des paroles incompréhensibles. La créature sourit en sentant vibrer son œuvre. Les losanges formés par les droites pivotèrent, les cercles débutèrent à tourner sur eux-mêmes, les carrés de se mouvoir et les symboles de briller. Briller n'était pas le mot le plus adapté pour décrire leur scintillement. Au lieu d'émettre la lumière ou de la réfléchir, ils l'absorbaient. Lorsqu'enfin le graphe devint un pentacle encadré de nombreuses autres figures et signes, la créature sourit.

«Cette fois je l'ai! Il entendra parler d'Ätrestegömmundg!»

Soudain, le dénommé Ätrestegömmundg se figea.

«Impossible! Il n'a pas pu Le retrouver! Aaaaah! C'est pourtant Sa Force que je sens!»

La créature au katana hurla vers la lune.

«Tant pis pour lui! Et tant pis pour Lui!»

L'intérieur du pentacle se mit lui aussi à refuser à la lumière d'exister. Ätrestegömmundg prit son katana à deux mains et traversa verticalement le portail.



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Il faisait incroyablement noir. Éternellement noir. Eut-il voulu ressentir qu'il n'aurait pas pu. Il s'effritait dans le noir. Il était seul sur des kilomètres et des kilomètres à la ronde.

Il ne pouvait rien faire. Il était condamné à chuter. Vers où chutait-il d'ailleurs? Il n'en savait rien. Il dégringolait dans l'abime.

Il ne pouvait même plus penser. Ses capacités cérébrales se réduisaient à néant en fuyant dans cette obscurité. Il croyait en quelqu'un autrefois.

Une onde chaude et porteuse de réconfort le traversa. Il ne la sentit pas, mais pu savourer toute l'énergie qui se diffusait en lui. La lucidité lui revint. Il n'était pas celui qu'il avait été, mais revenait aux frontières de l'humanité.

Un point. Un point blanc brillait sous lui. Pas un point. Une porte. Sa chute le précipitait vers cette douce lueur blanche. Le vide agrippa à ses dernières miettes d'humanité fraichement retrouvées pour les lui retirer.

Il ne chutait plus. Il flottait. Il flottait dans ce halo blanc. Il descendait lentement vers le point le plus blanc de tous. Il n'était plus rien. Plus qu'une feuille vierge. Le point enfla jusqu'à l'envelopper entièrement. Il se fondit dans la lumière.



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«Eh les copains vous êtes où?
-On est devant toi Dew, fit une voix masculine exaspérée.
-Où ça, demanda bêtement celui qui s'appelait Dew.
-Ici, fit une autre voix.
-Dah, c'est quoi "ici", redemanda le iop.
-Dahlia Physia Sharm!
-Dah ou ton machin c'est pareil…
-Mais pourquoi est-ce que je lui cause?
-Car je suis trop ton copain, répondit Dew.
-Dew avance, cria Dahlia Physia Sharm.
-C'est très simple c'est tout droit, refit la voix masculine.
-Mon Endarinichou, tu sais toujours t'y prendre toi, déclara une autre voix féminine.
-C'est quoi tout droit?
-Je vous préviens : si j'y vais, c'est mes ronces dans sa gueule!
-Pas besoin de te mettre dans ses états, essaya la voix féminine.
-Toi, la prostituée, ta gueule!
-Mais euh…
-Devant c'est ici?
-Il fait pitié ce iop, râla Endarin. Asmoz, va le chercher s'il te plaît ma chérie.
-Pas avant que "Dah" se soit excusé!
-Retourne dans tes quartiers de pute!
-Dahlia calme-toi, requit Endarin.
- Ok, écoute-moi bien l'osamodas. Et ta copine aussi : vous m'appelez une seule fois de plus sans mon nom complet et je vous explose illico!
-Je ne suis pas une pute! Et puis, d'abord, toi aussi tu dis jamais mon nom complet.
-Les copains on va où?
-Pourquoi est-ce que c'est ce boulet qui a l'œuf, dit entre ses dents Dahlia Physia Sharm.
-Parce que le boulet est un gros veinard, râla Endarin.
-Donc, la sadidette, retiens ça : mon nom c'est Asmoz Von Madgyc et pour mon chéri c'est Endarin Telakor.
-Je ne parle pas aux putes. Et encore moins aux putes osamodas.
-Dahlia, ne va pas trop loin.
-Les copains?
-Dahlia Physia Sharm, connard!
-T'insultes pas mon Endanichou!
-Le mur il fait mal.
-Toi, la prostituée, ta gueule!
-T'as dis que j'étais quoi "Dah"?
-Un connard, Endanicon.
-C'est pas par là. Vilain mur!
-Tu veux te prendre un Chucho?
-Bonne idée mon chéri!
-Oh, le pauvre osamodas et sa pute personnelle essayent de me faire peur!
-Par là?
-Vous n'avez pas le niveau!
-Ah ouais?
-Nan par là.
-Et ouais!
-Les copains vous jouez à quoi?»



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«Alors voilà, merci pour tout, remercia Rhigalt.
-Oh mais merci à vous, répondit Miss Étincelle en papillonnant des yeux.»

Le Chef des Gardes salua tour à tour les trois scientifiques. Bahamer lui serra la main et lui tendit un Vamprada plein à craquer; Evayn inclina rapidement sa tête et lui donna plusieurs fourreaux; Miss Étincelle déposa un baiser sur la joue de l'armure du xélor et lui offrit une pile de manuscrits un journal intime verrouillé par une serrure-horloge digne de Xélor.

L'éniripsa superbe raccompagna le xélor jusqu'à la porte. Une fois qu'il fut sorti - non sans s'être retourné pour admirer les traits de la chercheuse aux cheveux d'or. Une fois qu'il fut parti, Bahamer éclata franchement de rire :

«Alors là, Miss, tu m'épates!
-Je confirme, renchérit son amie crâ en riant à son tour. J'ai bien cru que tu poussais trop loin en l'embrassant sur la joue.»

Miss Étincelle se joignit à leur rire. Elles prirent un certain temps à reprendre leur souffle.

«J'en peux plus, acquiesa Miss Étincelle en se tenant les cotes. J'ai bien failli mourir de rire!»

Elles repartirent dans une autre série de rires.

«Si on m'avait dit que le Chef des Gardes nous donnerais autant, imagina Evayn.
-Miss, tu t'es vraiment surpassée!
-Le féca aussi était bien réussi.
-Mais lui, il était bien réceptif d'après ce que tu nous a dis. Avec tes talents d'Alchimiste, il était fichu d'avance! Mais alors là, un xélor surentrainé et en aucun cas fragile, je suis bluffée, répondit Evayn.»

Leurs rires continuèrent durant un bon quart d'heure. Bahamer ouvrit une porte cachée du sas :

«Il doit nous rester un bon vin d'Amakna pour fêter ça. Oh, j'y pense, n'aurions-nous pas battu un record de négociation?
-À coup sûr, éclata de rire l'éniripsa.»

La porte donnait sur un couloir qui se terminait sur un salon aux papiers-peint recouverts de formes incongrus et abstraite. La couleur dominante des murs était une teinte entre fuchsia et améthyste. Les chercheuses s'assirent dans un sofa installé devant une petite table.

«Aux négociations, trinqua Bahamer.
-À notre chère éniripsa!
-Au Chef des Gardes!

Leurs rirent reprirent sur cette pique à un xélor absent de Miss Étincelle. Evayn reprit :

«Vous avez vu ce qu'il a rajouté pour que je lui donne le moyen évident de déverrouiller le journal de Milien?
-Presque autant que pour les livres écrits en glyphes, surenchérit la belle.»

Les trois scientifiques froncèrent des yeux en même temps.

«Ça recommence, redouta celle qui avait le collier de cristal. Mon bijou vibre, comme quand le… enfin celui qui avait ce sceptre surpuissant est arrivé. Bizarre, il ne semblait pas avoir de classe…
-Pour ma part, c'est un drôle de son. Pile à l'opposé de celui qui avait précédé l'intrus, décela la crâ.
-Les Forces ambiantes sont troublées… Un peu comme avec le sceptre et son onde…»

La bougie qui éclairait le couloir vacilla. Les trois chercheuses sortirent une paire de lunette du sac d'Evayn. Très vite, toutes les bougies tremblèrent comme des feuilles. Elles ne s'éteignaient pas mais illuminaient de moins en moins.

«La lumière s'en va, débuta Evayn.
-Et l'ombre s'avance, continua Miss Étincelle.
-Il n'y a qu'un seul être pour faire cet effet, acheva Bahamer.
-Oh non, redouta l'éniripsa. Il arrive au même endroit que celui au sceptre…»

Elles se levèrent en même temps, s'armèrent en deux ou trois mouvements, posèrent en un éclair leurs combinaisons de protection et foncèrent vers l'endroit où était arrivé Daniel. La voix stressée d'Evayn murmura :

«Ätrestegömmundg…»



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Lorsqu'il sortit du laboratoire clandestin, Rhigalt se sentit plus euphorique que jamais. Il venait de réaliser - du moins son esprit le croyait-il - la meilleure affaire ayant jamais eu lieu. Il avait donné si peu… Quelques modestes millions de Kamas, un simple permis (en unique exemplaire) de recherches et de manipulations du vivant, un banal terrain immense sur Macheville, un passepartout inoffensif, un maigre pourcentage de ses revenus des cinq prochaines années, une vulgaire clause de confidentialité, trois dragodindes ailées et un poste inutile de Vice-Gouverneur au Gouvernement. Si peu pour des ressources rarissimes, une aiguille de bien meilleure qualité que sa Clef brisée, une lame de Zéorus, une documentation inégalée et, seconde sur le cadran, un baiser inattendu de Miss Étincelle. Il caressa rêveusement sa joue. Au moment même où sa main effleura l'emplacement du baiser, il interrompît son geste pour ne pas souiller cette pure merveille de l'univers. Un baiser de Miss Étincelle. Il figea le temps sur cette partie de son masque, regrettant que celui-ci fût si froid. Machinalement, il mit un pied devant l'autre et s'avança dans les ruines sans s'en apercevoir. Il ne flottait même plus.

Une sram invisible qui passa à côté de lui se contenta de sourire en diagnostiquant les effets magistraux de Miss Étincelle, au moment où ses employeuses riaient elles-mêmes aux éclats. Rhigalt continua son chemin. Son armure de Samoussaï, étincelante comme au… Oui, son armure était étincelante. L'éniripsa superbe ne sortait pas de son esprit.

«Par Xélor, que m'a-t-elle fait?»

Une petite voix lui souffla que cette déesse de la pureté et de la beauté ne pouvait lui avoir fait un chagrin autre qu'amoureux. Le Chef des Gardes fronça les sourcils. Il n'était pas dans son état normal. Il tombât violement à genoux sur le sol boueux des restes écrasés de la vieille ville et leva la tête droit au plafond tout en passant ses mains sur elle :

«Aaaaaaaah! Nooooooon! Si… Comment a-t-elle fait?! Aaaaaah!»

Les effets de la chercheuse aux cheveux d'or éclatèrent sous la puissance d'esprit du xélor. Ses pensées se réorganisèrent douloureusement. Ses sens à nouveaux affutés détectèrent une présence étrangère dans les décombres environnantes. Les réflexes surentrainés de Rhigalt reprirent définitivement le dessus. Le temps se figea sur une vingtaine de mètres.

«Un crâ? Que fais-tu ici? Ah oui, j'oubliais, tu ne peux pas non plus parler en suspension…»

Le temps reprit son cours normal juste autour du crâ.

«Heymez. Heymez, monsieur?
-Mon nom ne te dira rien, manant. Le tien par contre n'est pas suivi que par des compliments.
-Si tu le dis.
-Il est déconseillé de tutoyer celui qui a droit de vie ou de mort sur soi. Après, je dis ça je dis rien.
-Si vous le dites, Chef.»

Heymez avait bien insisté sur le dernier mot.

«Je ne jamais eu besoin des services du seigneur des mouches.
-Ce surnom n'est plus le mien. Vous savez sans doute pourquoi?
-Car tu aurais juré que tous ceux qui te nommeraient ici seraient tués de ta main.
-À votre tour alors!»

Une flèche verte, surchargée de magie se matérialisa sur l'arc du crâ. Elle ne vola que la distance suffisante pour quitter la zone d'Heymez. La suspension temporelle immobilisa la flèche Criblante. C'était là un beau spectacle que ce sort si puissant ainsi ramené à l'inutilité.

«Continuons notre discussion, veux-tu, imposa Rhigalt. Que fais-tu ici?
-Je me promène.
-Ou bien tu gardes un passage censé être secret?»

Le regard du xélor en armure bleu et argent se perdit dans le lointain.

«Ne t'inquiètes pas, je contrôle la situation.
-Je ne me faisais pas de soucis.»

Les traits de Rhigalt se crispèrent.

«Tu devrais. Je suis certain que mon nom te dira quelque chose.
-Allez-y, de toutes façons c'est pas mon jour.
-Je n'ai pas non plus aidé Xan. Oui, l'idée se faufile en toi. Et si tu étais tombé sur le responsable de la chute de ton vieil ami. Et si tu étais tombé sur le xélor le plus puissant. Sur le Chef des Gardes. Oui, Rhigalt.»

Tout dans le visage de Rhigalt montrait qu'il savourait ce moment. Une aiguille jailli par dessus son épaule. Sa moitié gauche était d'un bleu Wakfu tandis que sa moitié droite était couleur Stasis. L'arme émanait une souffrance muette éloquente. On sentait rien qu'en la voyant la lutte des deux cœurs qui cherchait à s'annihiler sans jamais y parvenir. L'aiguille pointa Heymez.

«Viens donc venger ton ami. Je suis tout à toi!»



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Iclafipartare se maudissait intérieurement. Gâcher un si beau ballon et une telle chance de finir enfin sa mission! Et voilà qu'il ne pouvait pas redescendre : il lui manquait une vingtaine de bombes pour amortir progressivement sa chute et aucun pic amaknéen ne dépassait les nuages. Tout ça à cause d'un énutrof arrogant… S'il le retrouvait, ils auraient une autre discussion musclée. Un objet métallique qui reflétait le soleil attira son attention : le brassard steamer de son défunt adversaire reposait tranquillement sur la couche blanche. Il devait vraiment être composé d'une matière spéciale pour ne pas chuter. Iclafipartare le ramassa en vu de pouvoir s'en servir après l'avoir rechargé.

Le roublard roux imagina Moiq le voyant bloqué ici. Le connaissant, Moiq aurait fait construire un deuxième ballon du type de celui qui amenait aux Prairies Célestes et serait venu le narguer puis l'arrêter. Son ballon aurait percé la couche nuageuse à une cinquantaine de mètres d'Iclafipartare, plein à craquer de Gardes et Soldats et armé de canoons lourds, et celui qui se nommait le Chevalier de la Grosse Nouille dans le Ciel aurait clamé…

«Tiens, tiens, Iclafipartare abandonné sur un nuage, ricana une voix.»

L'interpellé se retourna. Moiq avait réellement fait toutes ces idioties pour venir le chercher! Il était vraiment là, plus idiot que Iop, à lui offrir un véhicule pour redescendre.

«Arrêtez-le!»

Cinq Gardes en uniforme enjambèrent la balustrade de la nacelle. Ils n'avaient pas compris que le redoutable pyromane hors-la-loi ne tenait sur les nuages que grâce à sa panoplie Nuageuse. Ils chutèrent droit vers les restes fumants de la place Vent d'Orme en gesticulant bêtement des bras.

«Attrapez-le! Attrape-le!
-Gouverneur, commença un Garde.
-Quoi encore?
-On ne peut pas tenir sur des nuages nous.
-Ah ben euh… Oui… En effet… Et vous croyez que je ne le savais pas? C'était un test! Félicitations cher Garde! Vous venez de monter d'un rang.
-Il n'y a plus de rang à Amakna. Vous aviez jugé cela inutile.
-Ah ben euh… Oui… En effet… Bref! Pilote! Approchez nous du roublard pour le mettre aux arrêts!
-Il crèvera le ballon, objecta le pilote.
-Et alors?»

Iclafipartare se tapa le front de la main. Même chez les iops, Moiq était un cas. Il allait devoir tout faire lui-même…

«C'est bon, je me rends. Vous êtes trop fort pour moi. De vrais pros…
-Gouverneur, il se moque de nous?
-Ah ben euh… Oui… En effet… Iclafipartare pourquoi ces sacras…sasrcasr…
-Sarcasmes, proposa innocemment le roublard roux.
-Ah ben euh… Oui… En effet… Enfin! Au nom des pouvoirs qui me sont confré… Bref! Donnés par ma fonction, je t'arrête!
-Tu peux me rappeler ta fonction?
-Je suis le Chev, commença fièrement Moiq.
-À part Chevalier, Serviteur, Grand prêtre, Adorateur, Prophète et Prêcheur de la Grosse Nouille.
-Grande Nouille! Gloire à…
-Stop! Je me rends, pas la peine de me torturer en plus.
-Il se moque de moi là, demanda le iop à l'un de ses Gardes pandawa.»

Iclafipartare et l'interrogé se frappèrent le crâne en même temps. Même un pandawa ivre à cent pour cents pouvait déceler le ridicule du Gouverneur.

Après une discussion enflammée entre Moiq, ses camarades iops et les autres passagers du ballons (pimentées par des remarques ironique prononcée candidement par Iclafipartare), le roublard se résigna à se mettre lui-même ses menottes en voyant l'incompétence de la recrue désignée pour les lui passer - un iop s'il faut le préciser. En souriant gentiment, il donna aux Gardes ses deux pistolets basiques. Un fouillage approfondi par une experte en srameries révéla deux dagues, trois bombes et deux paires de pistolets cachées ici et là.

L'experte en uniforme de Soldat qui avait fouillé Iclafipartare portait ses cheveux roux en queue de cheval et avait un visage aussi pointu qu'affable. Son uniforme moulait ses formes minces et musclées. Ses yeux noirs croisèrent ceux étrangement identiques du roublard arrêté d'un air pensif.



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Le Zaap aspira Daniel. Il se trouvait à nouveau dans un couloir bleu et y avançait en flottant, tantôt rapidement tantôt doucement. Une fois de plus, il ne choisissait pas où il allait. Les signes tournoyaient autour de lui, comme intrigués. L'ancien disciple sentit qu'il n'était plus un intrus. Au contraire, les runes s'ordonnaient devant ses yeux comme pour lui annoncer quelque chose. Hélas, il ne pouvait les lire.

Le tunnel s'effaçait lentement. Peu après, l'adolescent blond distança les runes. Il se trouvait maintenant dans un cimetière. À travers le brouillard, il pût distinguer un caveau magnifiquement orné exploser… de l'intérieur. Il n'eut pas le temps de songer à avoir peur, le portail le happait de nouveau.

Il glissa plus vite cette fois. Les signes semblaient s'affoler. Il atterrit brusquement sur une prairie magnifique, bordée de fleures colorées qui formaient un cercle parfait. Étrangement, un coup d'œil rapide lui indiqua qu'il se trouvait sous une couche de glace.

Il repartit de nouveau. Il ne contrôlait pas ses déplacements. Une brise maritime lui effleura le visage. Daniel se tenait au bout d'un éperon rocheux bien avancé sur l'océan.

Un éclair bleu l'arracha à cet endroit. Un volcan maintenant. La lave bouillonnait. Parmi les vapeurs brûlante, il distingua une femme à la carrure familière devant un monstre incandescent. Il voulut courir à son secours. Trop tard.

Il observait une personne de dos. Plutôt grande, elle arborait une robe longue et pâle ainsi qu'un chapeau anormal, lequel se prolongeait en tombant jusqu'au milieu de son dos. À l'instant où elle commença à se retourner, Daniel se téléporta une fois de plus.

Une prairie immense. Mi-ombres, mi-fantômes, des images bougeaient. Des centaines et des centaines de soldats se battaient. Il vit de dos un adolescent de son âge portant son sceptre qui s'avançait. En face, un soldat portant un armure de xélor marchait lentement. Une aiguille digne de l'horloge du dieu qu'il semblait adorer tenait dans sa main. Elle était un peu plus longue que son bras. Daniel eut le souffle coupé en remarquant qu'elle absorbait la lumière et lui interdisait d'exister à travers ses reflets de néant. Une douleur intense frappa l'ancien disciple au plexus solaire. Presque simultanément, il eut l'impression qu'on lui transperçait la poitrine.

Cette fois, Daniel guida son arme pour fuir cette vision. L'adolescent fantomatique tomba au sol puis se releva…
Daniel n'était plus là pour voir. Il était à un endroit si imprimable qu'il n'en croyait pas ses yeux. Il était dans un vide absolu pourtant plein. Il sentait intuitivement des probabilités se croiser, s'unir, disparaître. Un quadrillage apparaissait. Alors qu'il allait le discerner en entier, un portail réapparut et le happa violemment. Daniel eut la sensation que les signes d'apparence si vivante étaient soulagés de le voir repartir de ce lieu - ou revenir vers eux?

Le portail le lâcha brusquement. L'adolescent chuta d'une dizaine de centimètres et se réceptionna en souplesse sur un sol marbré. Reprenant son souffle, il se tâta la poitrine à la recherche de la cause de sa douleur fantôme. Rien. Le mal était parti aussi vite qu'il était venu. Des dalles d'un mètre et demi de côté recouvraient le sol en un quadrillage parfait. Des dorures anarchiques zigzaguaient sur ce sol de plusieurs tonnes, au bas mot. Il remarqua ensuite des colonnes de quatre mètres, toujours marbrées, qui supportaient un toit fait d'une matière ressemblant au bois. Plusieurs scènes étaient sculptées et colorées avec des métaux précieux sur les colonnes. Il entendit des pas et se cacha par réflexe derrière l'une des colonnes. Ce n'est que là qu'il s'aperçut que celle qui le cachait formait, avec d'autres, le périmètres d'un cercle. Un coup d'œil rapide lui apprit que ce cercle était occupé par douze sièges et que son sol était végétal. L'intérieur de la petite cour était à l'air libre; la lumière faisant des reflets sur certains points des sièges.

«Que signifie ceci, Xélor? Pourquoi avoir convoqué le Conseil?»

Daniel se recolla précipitamment à la colonne de marbre. De toute évidence, les sièges étaient occupés. Une puissance étonnante émanait des voix.

«Le Wakfu et la Stasis ne sont plus les seules Forces dominantes, répondit une deuxième voix. Les Deux sont revenus de leur sommeil. Je propose que nous les éliminions.
-Tu sais pertinemment de quoi Ils sont capables. J'opposerai mon Véto s'il le faut.
-Bien sûr qu'il le sait, fit une voix masculine. D'où notre présence ici. D'où notre présence à tous.
-Ces messieurs sont avec moi, reprit la seconde voix. Les Dames aussi. Et vous, F…»

L'ancien disciple se décala un tout petit peu pour voir les personnes qui parlaient. Malheureusement, son geste accrocha le regard d'un des participants au conseil.

«Stop! Il est ici…
-Qui, s'affola la seconde voix.
-L…»

Plus apeuré que jamais par la puissance qui transperçait le ton humain des êtres, le blond invoqua un portail volontairement une fois de plus.

Une forêt. Daniel s'écrasa dans une forêt. Son sceptre avait disparu de sa main. L'ancien disciple épuisé s'effondra par terre et heurta douloureusement le sol.
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Liste des principales mises é jour :
20/07/13 - Fin de ce premier Carnet!
3 commentaires :
Mise é jour : Fin de ce premier Carnet!
Dracnor [Les Doux Barbares]947Hors ligne
14/01/2013 (18:34)
J'ai un peu de mal pour le chap suivant. Miss and co vs Atreste (moi non plus je le connais pas par coeur) c'est pas facile à gérer. Mais je suis content de la sortie d'Icla, tout en beauté (pauvre moiq...)

Daniel est à la fois le plus fort et le plus faible de mes pers. De plus, il viens de jouer avec une magie un poil trop... déconseillée sans initiation. Mais bon, ce qu'il a vu est quand même positif par moments^^.

Une nouvelle recrue rejoints Dew et ses copains. Si vous n'aimez pas le subjonctif imparfait...

Ah oui Atreste... est une anagramme. Bonne chance si vous voulez le trouver! *rire sadique*

Ps : tu devrais être en mesure de d'interpréter le premier des lieu visités par Daniel.
doflix [Les Chevaliers du Chaos]1287Hors ligne
14/01/2013 (17:54)
Ouaaa! Ca valait la peine d'attendre! C'est un super long chapitre que tu nous as pondu ^^ Merci!
Mais plus avance l'histoire... et plus je me demande "C'est quoi ce Daniel é_è "
J'ai aussi enormement apprécié mon personnage : Dew :3 Plus imbecile, tu meurt! "-C'est quoi tout droit?" Et en plus je suis un veinard :o Fallait pas! x)
En plus Dalhia a été un nom de perso de ma soeur! (enfin, pas sur du h) ^^

J'adore encore plus Moiq maintenant... On devrai faire un concourt Dew/Moiq. Je me demande ce serait qui le gagnant...

J'espere aussi que tu excuseras le fait que quand je lis, je lis seulement les premieres lettre du nom de la grosse bête :x
Dracnor [Les Doux Barbares]947Hors ligne
13/01/2013 (17:18)
Un autre chapitre qui me fais plaisir mais que je n'a pas eu la force de relire. J'ai hésité à le nommer Ätrestegömmundg ou bien Cervelles de Iop ^^.
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