Le soleil se couchait sur l'horizon. Un soleil rouge, un soleil qui annonçait le crépuscule. La lumière rougeâtre reflétait sur l'océan. Isaure regarda longuement le paysage, ses cheveux noirs flottant dans la brise marine. Les vagues frappaient les rochers sous ses pieds, en bas de la falaise. Elle détourna son regard. Loin devant elle, on pouvait apercevoir une prison. Une prison qu'elle connaissait bien, puisqu'elle y avait séjourné. La roublarde marcha en direction de trois pierres tombales.
Elle commença par déposer des fleurs sur la tombe de Cyrano. Elle fit de même sur le tombeau de Gendiki. Elle arriva ensuite devant la troisième pierre. La terre avait été retournée, et le corps n'était plus dans sa caisse mortuaire. Sans un mot, elle déposa des fleurs dans le cercueil ouvert, puis se retourna. Isaure ferma les yeux, et respira profondément. Elle remplit ses poumons d'air, puis cria du plus fort qu'elle pu:
"Andyspak!!!!!!!"
Le cri fit écho sur les rochers et se perdit dans la mer. Devant la roublarde, l'air se déforma pour laisser place à un homme. Il était habillé tout de blanc, et ses cheveux roux mettaient bien en évidence ses yeux lumineux. Andyspak fit un grand sourire.
"Aahhh... Si c'est pas ma roublarde préférée qui m'appelle...
- Pourquoi? Pourquoi as-tu fais ça? Explique-moi. Explique-moi pourquoi tu as tué mes plus chers amis. Explique-moi pourquoi je ne suis pas morte, moi, avec eux!
- Que de questions, que de questions... Si je comprend bien, tu veux connaitre mes plans?
- Oui.
- Soit. Cela n'a plus d'importance maintenant, puisque j'ai terminé. Je m'en lave les mains.
Le zobal s'assit sur une pierre.
- J'ai toujours éprouvé beaucoup de respect pour toi, Isaure Dhaliwal. Malgré ton caractère roublard, tu as toujours été très courageuse, intègre, éprise de justice et très respectueuse du code d'honneur. C'est peut-être pour cela que tu es encore en vie. Ou peut-être parce que c'est trop facile, je pourrais te tuer à l'instant même...
- Et moi, je t'ai toujours détesté, Andyspak. Tu n'es qu'un infâme assassin sans pitié, psychopathe sadique qui prend plaisir à faire souffrir les autres.
Andyspak ricana.
- Merci du compliment. Je dois avouer que c'est relaxant de voir les gens souffrir autour de moi, et par leur faute.
- Tu m'as fait tuer l'homme que j'aime de ma propre main! N'as-tu donc pas de cœur?! s’époumona la roublarde, furieuse.
- Je t'ai donné le choix, haussa l'homme d'un air innocent.
- Espèce de...
- Écoute Isaure. Écoute le silence qui nous entoure. N'est-ce pas fabuleux? Eh bien, sache qu'aux quatre coins de la planète, ce silence a été repoussé par l'anarchie, le chaos, les cris de désespoir... Partout, l'être humain dévoile sa vraie nature, partout les gens prient, partout les gens pleurent, partout les gens se battent... Les politiciens abdiquent, les prisonniers s'évadent, les travailleurs cessent de travailler.
On sentait un réel plaisir dans le ton de sa voix.
- Et tout ça à cause de quoi? À cause de la peur, de la peur que je leur ai infligé. L'humanité se détruit elle-même, à petit feu, et en devient de plus en plus vulnérable. Le monde est à ma merci, je peux lui faire faire ce que je veux!
- Tu n'as jamais eu l'intention de faire exploser ces bombes, n'est-ce pas? demanda Isaure d'une voix lourde.
- Eh non! jubila le zobal. Ce qui m'amuse le plus, c'est de lire la terreur dans les visages, un peu comme le tien!
- Qu'y gagneras-tu?
- Si les plans de l'eliatrop fonctionnent, je pourrai réparer toutes les erreurs que j'ai faites dans mon passé. Je ne cherche ni le pouvoir, ni la puissance; je les ai déjà. Je veux survivre, c'est tout."
Il se leva, puis commença à s'éloigner. Il avait assez parlé pour aujourd'hui, et, à vrai dire, cela l'ennuyait terriblement. Il n'avait pas envie de discuter de son passé, il voulait l'oublier. Il en avait laissé la dernière parcelle à la petite sadida. Isaure se leva, et l'interpella d'une voix forte.
"Andyspak, je te défie en duel!
- Quoi?!"
Le zobal faillit s'étouffer de surprise. Derrière lui, la roublarde avait enlevé son long manteau et avait armé deux pistolets.
"Mais tu es tombée sur la tête, ma chère Isaure! C'est pas du courage de m'affronter, c'est littéralement du suicide!
- Enlève tes masques si tu l'oses!
Les yeux d'Andyspak se rembrunirent.
- J'ai déjà fait cette erreur il y a trente ans. Cela ne se reproduira plus, je ne veux plus prendre aucun risque. Mais bon, vous étiez une vingtaine à l'époque, et tu es seule, je peux bien faire une petite exception.
Sous le regard ébahi d'Isaure, le visage du zobal commença à se liquéfier. Un masque quitta la masse gélatineuse, et se mit en orbite autour de la tête. Les masques sortirent un par un. Rapidement, ce fut des dizaines de masques qui tournoyèrent autour de l'homme, formant des anneaux rotatifs, comme des lunes pour une planète.
"Je vais en garder quelques uns... Celui du pleutre, celui de la classe, et celui du psychopathe."
Il toucha du doigt les trois masques nommés. Ceux-ci se détachèrent du groupe, et fusionnèrent à son visage. Un gros sac apparut, et tous les autres masques s'y engouffrèrent d'eux-même. La figure d'Andyspak reprit sa forme solide.
"Physiquement, je n'ai rien de changé. Mais je suis beaucoup plus faible qu'avant. Prête pour le combat?
- Toujours.
- Alors, surveille tes arrières!"
Andyspak se propulsa sur le côté, atteignant une vitesse si grande qu'il échappa au regard d'Isaure. La roublarde n'eut pas le temps de se retourner qu'elle reçu un coup de poing dans le dos. Elle s'effondra sur le sol. Le zobal tenta de l'écraser de son pied, mais elle roula sur elle-même, et tira deux coups en direction de la tête de son ennemi. D'un mouvement rapide, ce dernier bloqua les deux balles de sa main. Il laissa tomber les projectiles sur le sol, puis examina sa paume. Un liquide rouge coulait entre ses doigts.
Cela faisait presque 30 ans qu'Andyspak n'avait pas vu son propre sang.
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''Bang!'' ''Bang!'' ''Bang!'' ''Bang!'' ''Bang!''
Isaure faisait pleuvoir ses projectiles partout devant elle, empêchant le zobal de s'approcher. Andyspak sautait dans tous les sens, évitant facilement toutes les balles. En en évitant encore une par une culbute arrière, il pointa Isaure de deux doigts. Un mince faisceau lumineux en sortit, et frappa de plein fouet l'un des pistolets qui se désintégra sur le coup. Déstabilisée, la tireuse cessa le feu.
Andyspak, profitant de la pause qui lui était accordée, se précipita vers l'avant. De sa main maintenant libre, la roublarde agrippa une grenade, enleva la goupille, et la lança. L'explosion souleva un nuage de poussière. De la fumée se distingua un mouvement rapide. Le porteur de masques la frappa à la tête d'un coup de pied puissant, la faisant tomber, sonnée, sur le sol. Le zobal matérialisa son épée dans sa main droite.
''Je t'avais averti que c'était du suicide. Mais tu as insisté. Quelle irresponsable tu fais! En plus, ce n'est pas qu'une vie que tu enlèveras en mourant...
Isaure ouvrit péniblement les yeux.
- De... de quoi tu... parles?
- Oh, tu ne savais pas? Tu es enceinte. Je le vois, dans ton ventre, un embryon de quelques jours.
- Tu... tu peux voir...
- Bien dommage. Il serait peut-être devenu un grand roublard. Ou même un sacrieur, comme son pè...''
Andyspak prit une pause. Sans aucun signe avant coureur, il lâcha son épée, prit sa tête entre ses mains et recula d'un pas. Il tremblait de partout, comme en proie à un ennemi invisible.
''Non... Gendiki... Non... Le fils de... Je... ne... peux... pas... le tuer! Arrête! Je ne peux pas... je ne veux pas... Aargh, non!! La boucle se referme, je dois le tuer! C'est ma seule chance! Non! Je... ne... dois... pas... lui faire de... de mal! C'est...''
On aurait dit que deux Andyspak différents parlaient en même temps., comme si le zobal se disputait avec lui-même. Isaure réagit rapidement: sans se poser de question, elle ramassa deux gros revolvers, et déposa un canon sur le visage de son adversaire, et un autre sur son torse.
''BANG!''
La déflagration projeta Andyspak 5 mètres plus loin. La moitié de son crâne avait été arrachée, de la peau calcinée dépassait un morceau de cervelle. Son œil droit aussi avait disparu. Le côté droit de son torse était complètement arraché, brulé à l'intérieur. L'herbe passa du vert au rouge. Isaure ramassa l'épée blanche, qui trainait sur le sol, puis s'approcha. Le bras gauche, complètement tordu, bougeait encore. La roublarde leva l'arme pour l'achever.
''Adieu, zobal de malheurs!''
Elle frappa. Au moment où la lame effleura le corps, un éclair blanc la frappa, la faisant rebondir. Isaure frappa une deuxième fois. L'épée refusa encore de le toucher. Tout à coup, l’œil unique d'Andyspak s'anima. Une leur bleue en sortit. Prise de panique, elle recula rapidement. Lentement, très lentement, le zobal se remit sur pieds. Il avait toujours la moitié du visage arraché et le bras disloqué, mais, tel un véritable zombie, il ne s'en souciait que peu.
Dans un craquement horrible, les os de son bras se replacèrent. Des espèces de racines bleutées commencèrent à sortir de la peau, et à reformer les membres disparus. Les lianes reformèrent le torse, puis le cerveau. Bientôt, son deuxième orbite était revenu, et il ne lui restait aucune blessure. Il leva son bras vers Isaure, qui était bouche bée de surprise et de peur.
''Cette arme ne peut plus me tuer, exactement comme Rémiro, dit-il avec une voix sortie d'outre-tombe. Je suis déjà mort!''
La roublarde se sentit attirée vers Andyspak. Elle tenta de se cramponner, mais rien n'y fit; elle avançait inexorablement vers le démon. Le zobal était bien décidé à en finir, maintenant. C'est alors qu'il sentit un poid sur sa jambe. Intrigué, il baissa la tête. Une petite créature bleue lui mordillait la cuisse. Il leva le bras dans le but de s'en défaire, et... une poigne solide l'arrêta. Une femme à la peau bleue tenait fermement son poignet.
''C'est fini, Andyspak, clama l'osamodas.
- T... toi?! Noon, nooooon!!! Lâche-moi, tu n'as pas le droit!!!''
Les trois masques se détachèrent de son visage et se propulsèrent dans le ciel, disparaissant dans les nuages. L'osamodas se tourna vers Isaure.
''Transperce-le de l'épée! Je ne pourrai pas tenir longtemps!
- Mais ça ne fonctionne pas...
- Vite!!''
La roublarde donna un coup. Une décharge d'énergie apparu de nulle part, et frappa l'arme, créant une détonation qui heurta de plein fouet le zobal dans un vortex de lueurs blanches et bleues.
''Lily...'' murmura Andyspak dans un dernier soupir.
Une énorme explosion le désintégra, provoquant une onde de choc qui détruisit le paysage. Isaure perdit connaissance.
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Lorsque le temps sera venu, je vous montrerai le spoil du prologue (que personne n'a trouvé, et que personne ne trouvera de toute façon ^^).