Trois derniers pour le plan
"Majordome! Avez-vous pu établir un contact?
- Non, monsieur. Il est possible que cette personne soit absente momentanément. Peut-être devriez-vous essayer de l'appeler par son téléphone portable."
Glip réfléchit. Il se souvenait à peine du numéro de cellulaire. Il fit signe à son majordome de le quitter, puis tapota quelques touches sur un clavier près des interphones. Le bruit de la sonnerie se fit entendre quelques coups, et quelqu'un répondit.
"Bonjour... commença une voix féminine.
- Andyspak? C'est Glip, dit en vitesse l'eliatrop. J'ai reçu un appel de Renée, et j'aimerais avoir quelques éclaircissements sur...
- ... Vous êtes actuellement sur la boite vocale d'Annabel Regina, agente de la GRC. Je suis indisponible pour le moment. Si vous êtes un sondeur quelconque, je vous prierais de ne plus appeler à ce numéro. Si c'est Charles. je te rappelle aussitôt que possible, mon chéri. Veuillez laisser un message après le bip.
- Zut, pensa Glip après avoir reconnu l'aspect robotique de la voix. C'est un répondeur automatique...
- Biiip!"
"Clack!"
Il raccrocha brusquement, frappant de son poing l'appareil. Il était furieux et frustré. Il grogna:
"Grr... Mais qu'est-ce qui se passe? Trop de choses m'échappent, je veux qu'Andyspak m'explique...
- Quelque chose vous tracasse, maitre?
Dralbur se matérialisa dans un coin sombre du bureau, assis par terre en position indienne.
- Ah, Dralbur, mon bras droit, je t'avais presque complètement oublié. Comment avancent les choses?
- Je n'ai pas réussi à trouver beaucoup d'informations, maitre. Je peux cependant confirmer que vos pouvoirs xélors sont très puissants et efficaces; je me suis rarement senti aussi bien qu'après cette momification.
- Mouais, tant mieux... répondit Glip, presque désintéressé.
- Permettez-moi, maitre, de reformuler ma question précédente. Êtes-vous en proie d'un problème? redemanda le sram.
Le maitre se leva, en prise avec des tremblements de colère.
- C'est à cause d'Andyspak.
- Qu'est-ce qu'il a fait?
- Justement, c'est là tout le problème: je ne sais pas. Si au début on était presque partenaires, maintenant on se parle de moins en moins. Nous avions préparé un plan, il me faisait des rapports très souvent, mais, ces temps-ci, il ne fait que me demander de patienter.... Il dit que tout avance bien, mais ne rajoute aucun détail et me laisse dans l'ignorance la plus complète. Et je déteste ça.
- Si je comprend bien, il a commencé à travailler seul de son côté... Je connais bien cette façon d'agir, maitre, et il me semble évident qu'il veuille travailler dans ses propres intérêts. N'avez-vous jamais envisagé la possibilité qu'il puisse vous tragir?
- Me trahir? Lui? Non. C'est impossible.
- Qu'est-ce qui vous fait croire cela?
- Il ma tout raconté sur lui. Toute son histoire. Son but et ses intérêts sont en effet différents des miens, mais son moyen d'y accéder est le même.
- Vous ne pensez pas qu'Il ait pu tout simplement vous mentir?
Glip dévisagea son suppôt, et le fixa droit dans les yeux.
- J'ai un pouvoir immense, Dralbur. Ne sous-estime jamais un eliatrop.
- Ce n'est pas ce que je voulais insinuer...
- Je peux voir le wakfu, sentir les fluctuations d'énergie se dégageant de n'importe qui et n'importe quoi. J'ai vu le zobal. Je sais ce qu'il est vraiment. Et il n'a aucune raison de me trahir. Ce qui me chipote le plus, c'est cette histoire d'osamodas...
- Osamodas, maitre?
- Renée Walker m'a appelé, récemment, et m'a demandé si il y avait une osamodas qui serait venue sur Terre avec nous...
- Bien sûr que non!
- C'est ce que j'ai répondu aussi... Ensuite, la féca a dit que cette information provenait de la bouche d'Andyspak."
Dralbur ne dit rien. Glip se rassit dans son fauteuil, lâchant un long soupir.
"Il n'y a jamais eu d'osamodas. Mais si mon général en a fait mention, il ne faut pas prendre cette information à la légère. Je ne dois tolérer aucune entrave dans mes plans. Il ne reste plus qu'à espérer qu'Andyspak arrive à gérer la situation...
- ... Y a-t-il quelque chose que je puisse faire, maitre?
- Non, pas vraiment.
L'eliatrop se gratta le front, puis se repris:
- Maintenant que j'y pense... Je ne suis pas le seul qui possède le don de voir le wakfu.
- Et qui est cette autre personne?
- Était serait le terme juste. Il s'agissait d'Altroo Dhaliwal, un crâ très entrainé dans ce domaine. Je l'aurais pris à mes côtés s'il n'avait pas refuser pour continuer ses expériences avec wayh... le xélor que j'ai mis à ma solde un peu plus tard. Je n'avais jamais pris attention à ses recherches, mais maintenant... avec tous les mystères que nous rencontrons... et cette affaire d'osamodas...
- Que voulez-vous que je fasse, maitre?
- Trouve-moi le carnet d'Altroo. Je veux savoir ce qu'il a découvert. Et au plus vite!
- Oui maitre.
- Vous pouvez tuer si nécessaire.
Le crâne du sram s'illumina d'une joie non-feinte.
- Avec plaisir."
___
Annabel était assise sur un petit banc, les yeux fermés. Malgré son apparence somnolente, elle était parfaitement éveillée. Elle attendait patiemment. Elle jeta un coup d’œil à sa montre; presque 10h. "Il est un peu en retard" se dit-elle. Pana et Amyze étaient toujours debout, à un coin opposé de la petite cabine à fixer Andyspak. Il n'était pas question de dormir, ah ça non! Pas avec un tel démon à leur côté. Le zobal regarda dans leur direction, puis referma les yeux, tentant de les ignorer complètement.
Des bruits se firent entendre. Des voix. Le ton commença à monter, puis on entendit des pas de course.
"Bzz!" "Bzz!"
Un corps tomba devant la cellule. Charles rangea son tazer dans un étui sur sa ceinture, puis fouilla le garde. Il sortit une carte magnétique, et ouvrit la porte des barreaux. Annabel se leva, et se jeta à son cou, les yeux mouillés.
"Enfin, Charles! Je suis si contente de te revoir, tu n'imagines pas le supplice que j'ai vécu, ici, entouré de deux abjects criminels...
Elle pleurait presque.
- J'aimerais que tu m'explique ce que tu m'as dit au restaurant, avança Charles.
Elle essuya ses yeux.
- Je n'ai pas le temps, Charles. C'est un complot, et Antoine et Renée en font partie. Si on ne fait rien, dans moins de trois jours, la Terre ne sera plus reconnaissable. C'est le monde entier qui va être touché. C'est...
- Attend, dit le chauffeur en lui mettant un doigt sur la bouche. Je viens de mettre en danger ma réputation et mon avenir en venant te délivrer ici. J'ai le droit de savoir ce qu'il en est vraiment. TOUT savoir.
- Mais Charles, le temps presse... gémit Annabel.
- Qu'importe. Je ne peux pas continuer sans avoir pleinement compris la situation."
Annabel baissa la tête, et soupira. De sa main gauche, elle prit celle de Charles, et, de sa main droite, tira la tête de l'homme vers elle. Elle déposa lentement ses lèvres sur les siennes, et l'embrassa. Pris au dépourvu, Charles ferma les yeux. Après quelques secondes, la femme éloigna son visage, et le regarda droit dans ses pupilles, d'un regard à la fois triste et suppliant.
"Tu dois me faire confiance, mon amour, susurra-t-elle. Je t'aime, et tu le sais. J'aimerais bien t'expliquer, mais... c'est beaucoup trop compliqué. Le temps nous est compté. J’espère que tu me comprends.
Charles regardait une peu dans le vide. Ce baiser... il le goutait encore. Un goût de douce vanille, mélangé d'un soupçon de tendresse infini qui le fit divaguer pendant quelques secondes. Puis il se reprit. Cette femme, qu'il aimait, avait besoin de son aide. Et il allait l'aider. Ce fusse aller faire le tour du monde à pied, il l'aurait fait.
"Et... qu'est-ce que je dois faire? demanda-t-il.
Annabel sourit.
- Merci de vouloir m'aider, merci... En fait, il y a une façon d'arrêter le complot.
- Comment?
- La communication. J'ai déjà commencé à installer un poste, chez moi, mais je suis loin d'avoir les connaissances nécessaires pour le finaliser. Il nous faudrait aussi quelques pièces des machines de la GRC.
- Il faut que je vole du matériel policier? À quoi doit servir cette machine?
- À me connecter à tous les satellites autour du globe, pour pouvoir les contrôler pendant quelques temps.
- Mais...
- C'est la seule solution. Vous êtes pirate informatique dans vos temps libres, non? Vous ne croyez pas cela faisable?
- Faisable, oui. Durable, non. Ce système ne pourra pas durer plus d'une heure.
- Ce n'est pas grave, c'est amplement suffisant pour avertir la population."
L'agente de la GRC s'éloigna, et se dirigea vers la porte de la sortie de secours. Elle fit signe de la main à Charles.
"On se retrouve chez moi, Je dois aller faire quelque chose, ça ne sera pas trop long. Je t'aime."
Elle lui envoya un bec à distance, puis referma la porte derrière elle.
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