To be or not to be, that is the question
"... et là, j'ai vu les balles sortir de mon corps et léviter devant mes yeux!"
Auriny était descendue de son lit d'hôpital pour rejoindre celui de Rémiro. Le grand roux était plus que mal en point: des brûlures des 3 degrés lui parcouraient le corps. Il avait des bandages un peu partout, et avait porté pendant presque 24 heures un masque à oxygène. Il étais resté évanouis à l'hôpital de Hull la nuit durant, et maintenant il était réveillé pour écouter sa copine.
Cette dernière avait aussi passé la nuit dans l'hôpital, mais dans une autre chambre. C'est elle-même qui avait demandé d'aller dans la même pièce que son ami.
"Je lévitais au-dessus du sol, continua-t-elle, Mon père avait sorti une baguette semblable à la mienne et faisait des mouvements étranges avec ses bras. Pendant qu'il murmurait ce que je croyais être des incantations, j'ai senti mes blessures se refermer! Il m'avait soigné!
- J'avoue que c'est... hors de l'ordinaire... dit Rémiro.
- Des filets de lumière bleue s'échappaient de sa baguette. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien. Puis, soudainement, la lumière est devenue rouge-orange, et mon père a renvoyé les balles sur la créature d'un coup de baguette!
- !!!
- Je ne l'avais jamais vu bouger de cette façon. Il semblait léviter au-dessus du sol tellement il avait l'air léger! Il a ramassé ensuite, sur une étagère, une fiole étrange, avec du liquide violet. Il l'a lancé sur la bête, qui venait d'éviter les balles...
- Et?...
- Une tornade en est sortie! Une bourrasque nous a propulsé aux quatre coins de la pièce, incluant le tireur. Je suis tombée derrière une pile de livres. Je ne voyais plus rien. Puis, ma mère est venue. Elle me parlait tendrement... elle pleurait presque...
"Mon père a renvoyé les balles sur la créature d'un coup de baguette!"
Une larme tomba sur la joue de l'adolescente.
- Je... je ne comprenais presque rien... J'ai entendu quelque chose comme "déphasage", mais je n'en suis plus sûre. L'instant d'après, je me suis endormie...
- ...
- Lorsque je me suis réveillée, toute la maison s'était écroulée sur moi. Les services de secours m'ont aidé à me libérer... Mes parents étaient morts, tous les deux..."
Auriny ravala ses larmes et respira profondément. Rémiro lui laissa une minute de relaxation. Elle devait se reprendre de ses émotions.
"Je dois me contrôler, dit-elle. Je ne suis pas la seule qui vient de perdre ses parents... Toi, comment tu t'en es sorti?
- Les pompiers ont dit que j'avais beaucoup de chance, répondit Rémiro. Ils étaient étonnés que j'aie survécu...
- Pareil pour moi!
- T'as pas dit que t'avais des pouvoirs?" la questionna l'adolescent.
Auriny fit oui de la tête et sorti la baguette Range de sa poche. Elle se plaça face au mur.
"Tu veux me montrer? insista Rémiro.
- Je veux bien, mais je sais pas comment faire...
- Essaie des choses.
Auriny fit un mouvement vers le mur avec la baguette.
- Abracadabra?
- Tu manques de conviction, lui lança Rémiro.
- Abracadabra!
Rien.
- Shazam!
Rien.
- Hocus Pocus!
Encore rien.
-Hahaha! rigola Rémiro.
-Je t'interdis de rire!" lui lança Auriny en pointant sur lui la baguette.
Un éclair d'énergie bleue sortit du morceau de bois et frappa de plein fouet l'interpellé.
___
L'homme marchait rapidement en direction de l'hôpital. Il semblait bien décidé, son visage caché par l'ombre de son chapeau. Il ne se souciait guère des passants, qu'il bousculait sans ménagement. Il ne regarda pas des deux côtés de la rue avant de la traverser.
Il en étais arrivé environ au milieu que ce qui devait arriver arriva. Une voiture, qui passait à une vitesse de près de 80 kilomètres à l'heure, fit un virage sec pour éviter l'inconnu. La voiture suivante, un camion, qui n'avait rien vu, frappa de plein fouet l'homme. La lourde charge se retourna, et l'emporta quelques mètres plus loin. Le troisième véhicule allait trop vite pour s'arrêter: il fonça directement dans la voiture retournée. S'ensuivit un tonneau à quelques mètres dans les airs. L'homme se relevait péniblement, lorsqu'il vit la voiture dans les airs lui tomber dessus.
Tous les témoins de la scènes virent avec horreur le passant se faire fracasser sur le mur de brique. Le mur en question se brisa, tomba en morceau sur la voiture qui était déjà cabossée de tout côtés. Les vitres étaient cassées. Les voitures qui passaient s'arrêtaient, provoquant un embouteillage. Les sirènes de l'ambulance se firent entendre très vite, l'accident s'étant déroulé en vue de l'hôpital.
Les secours sortirent les chauffeurs et passagers des véhicules pour les hospitaliser d'urgence. Les conducteurs des deux premières voitures n'étaient pas blessés gravement, mais celui du troisième avait des fractures un peu partout.
À la demande des témoins inquiets, les ambulanciers cherchèrent l'homme qui avait été percuté, pour vérifier s'il avait encore une chance de survie. Ils ne trouvèrent aucune trace de l'accidenté, qui semblait, disaient-ils, ne jamais avoir existé.
Ils ne virent pas l'homme entrer dans l'hôpital. Ils ne virent pas son bras en sang, ni les tatous qu'il portait derrière ses vêtements déchirés. Ils ne virent pas les blessures se cicatriser à vue d’œil, ni qu'il empruntait une toge blanche accrochée à un porte-manteau...
Ils ne virent pas l'homme entrer dans l'hôpital
___
Rémiro était debout, et balançait ses jambes de gauche à droite.
"C'est incroyable! Je n'ai plus aucune blessure!"
Les brulures qui, il y a encore quelques minutes, envahissaient son corps, avaient complètement disparus. Il n'y avait plus d'ecchymose visible.
"Tu m'as guéris! s'étonna Rémiro.
- Je suis toute aussi surprise que toi, ajouta Auriny en regardant sa baguette. Mon père aussi m'avait guéris après que la créature m'aie tiré dessus. Maintenant que je m'en souviens, cette bête faisait vraiment peur, avec ses défenses de sanglier et ses yeux sans pupille! Pourtant, elle devait être intelligente puisqu'elle savait manier un fusil...
- Si jamais je retrouve ce salaud, je le ferai payer la mort de nos parents, grogna Rémiro.
Auriny réfléchit.
- Qui sommes-nous?
- Pardon?
- Je veux dire: on n'est pas des humains, puisqu'on a des pouvoirs... en tout cas, moi au moins... dit Auriny.
- Mon père m'a dit que j'étais le dernier iop, rajouta son ami. J'ai peut-être des pouvoir aussi...
- Tu as lu ton carnet?"
Rémiro fouilla dans sa poche. Le carnet s'y trouvait, à moitié consumé.
"Qu'est-ce qui est écrit dessus? demanda l'adolescente.
- "Journal d'Eremin Tryma, eniripsa", lu Rémiro.
Auriny lui arracha le journal des mains.
- C'est le nom de ma mère!
- Eh bien, je suppose que si je suis un iop, tu es une eniripsa, non?
- Je suppose, mais ça ne veut rien dire du tout. C'est même pas dans le dictionnaire... hésita Auriny.
- Pardon de vous déranger" dit une voix derrière eux.
Les deux amis se retournèrent. Un homme en blouse blanche les observaient de toute sa hauteur. Son chapeau cachait le haut de son visage.
"Je peux voir? demanda-t-il en prenant le journal des mains de la jeune fille.
- Eh! Redonnez-moi ça! cria-t-elle.
Après l'avoir feuilleté, l'inconnu le lui rendit.
- Je me demandais seulement ce que pouvais contenir cette pile de papiers brûlés, dit-il en regardant la jeune eniripsa dans les yeux.
Sur ce, il prit congé. Auriny resta quelques secondes à regarder l'endroit où venait de disparaitre l'infirmier. Elle tremblait de peur.
Cet homme ne possédais pas de pupille.
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