Les lumières de l'hôpital de Hull étaient éteintes. Il était 23 heures, et tous les pensionnaires dormaient à points fermés. Tous? D'une fenêtre on pouvait encore distinguer de la lumière. Rémiro et Auriny étaient loin de s'être endormis.
"Alors, c'est quoi la suite? demanda le iop.
- Faisons un petit résumé de ce que nous savons, répondit l'eniripsa. Tu es un iop, je suis une eniripsa. Nous ne savons pas ce que c'est, mais nous savons que nous ne sommes pas humains... du moins, pas vraiment.
- Des extraterrestres alors?
- Comment veux-tu que je le sache? Nous ne sommes pas normaux, ça c'est sûr. J'ai des pouvoirs de guérison, et toi aussi tu dois avoir quelque chose.
- On est aussi en danger, ajouta Rémiro. Ceux qui ont tué nos parents doivent vouloir notre peau à nous aussi. Il faut se préparer à se battre!
Auriny hésita.
- On ne ferait pas le poids. Comment veux-tu qu'on réussisse là où nos parents ont échoués?
- Ils ont été pris par surprise. Nous, nous seront prêts. On va les vaincre!
- Tu es trop optimiste, soupira la jeune fille.
- Non, réaliste, dit-il en souriant.
- Tu fais de l'humour maintenant?
- Quoi?
- Non, rien."
Elle jeta un coup d’œil par la fenêtre. La lune était pleine, et les étoiles brillaient dans le ciel. Elle réfléchit quelques minutes. Son monde s'était écroulé en quelques jours, mais l'eniripsa n'allait sûrement pas abandonner.
"On va continuer nos examens, déclara-t-elle soudain.
- Pardon?
- Lundi, on va aller en classe pour finir notre dernier test du ministère.
- Mais... pourquoi? demanda le iop, déconcerté.
- C'est notre futur, Rémiro. Trois heures, et ça sera fini. On pourra continuer l'année prochaine en cinquième secondaire.
- ... Si tu veux, maugréa le garçon qui ne voulait vraiment pas retourner à l'école. Et on fait quoi en attendant?
- Tu l'as dit toi-même, on est en danger. Restons à l'hôpital, nous aviserons après. De toute façon, on ne peut aller nulle part.
- Tu as lu le journal de ta mère?
- Non..."
Elle tourna son regard. Le journal était déposé sur la table, à découvert. Elle le prit lentement, puis le regarda fixement.
"Je n'ai pas confiance en cet homme sans pupille. Il a peut-être mis un piège...
- Oh, arrête, tu es trop peureuse. Ouvre!"
Auriny ouvrit délicatement le carnet. Les pages étaient noires, calcinées par les flammes. "Cet inconnu avait raison, pensa Auriny. Tout est brûlé." Tout à coup, une feuille blanche tomba d'entre deux pages.
Les pages étaient noires, calcinées par les flammes. Tout à coup, une feuille blanche tomba d'entre deux pages
"Qu'est-ce que...?"
Elle ramassa le papier et le déplia. Il n'y avait aucun signe de brûlure, et c'était écris en vitesse. Ça semblait être une sorte de liste, déchirée d'un ouvrage brouillon.
"Eh, Auriny, c'est quoi? demanda Rémiro.
- Je... ça ressemble à une description de personnes. Il y a beaucoup de mots que je ne comprend pas. Ça semble être un avertissement.
- Qu'est-ce qui est écrit en bas?
- Dernière page du journal d'Isaure Dhaliwal, roublarde."
___
"Iop, iop, iop... Merde, ça n'existe pas!"
Odo Fumio était planté devant son ordinateur depuis déjà une demi-heure. Son pardessus accroché à son dos de siège, le détective suait à grosses gouttes tout en surchauffant son clavier par son pianotement rapide.
"Comment ça phorreur non plus? Mais c'est quoi cette farce?!"
Il avait été sur tous les engins de recherche sur le web, sans jamais trouver l'information escomptée. Il trépignait sur place, passant près de manger son chapeau. Jamais encore Fumio n'avait été si près du but, et pourtant si loin. Des choses étranges se déroulaient contre son gré, c'était dans son intérêt professionnel d'en découvrir la cause. Seul, dans son bureau et dans sa pile de données, il se frottait maintenant à un mur invisible.
Soudain, une sonnerie à moitié sourde retentit. Sans perdre un instant, l'inspecteur ramassa et installa son écouteur téléphonique à son oreille, puis pris l'appel.
"Charles?
- Oui, monsieur.
- Vous êtes allé à la prison?
- J'y suis monsieur.
- Parfait, commenta joyeusement Fumio en se frottant les mains. Enfin une bonne nouvelle! Ces salauds ont intérêt à s'expliquer; j'ai passé 5 ans de ma vies à pourchasser Gendiki et sa bande de truands. J'avais enfin réussi à les coffrer, et voilà que j’apprends que ce criminel s'est enfui, sans que j'en sache quoi que ce soit en plus!
- Ce n'est pas exactement ça, monsieur... tenta Charles.
- Comment ça? demanda l'inspecteur, un brin de colère dans la voix.
- Ben... j'ai été interroger le directeur en lui posant des questions sur les pensionnaires.
- Oui, et?
- Il y a en effet eu une tentative d'évasion. Il y a deux mois, Gendiki, un autre homme et un femme ont tenté de s'échapper.
- Tenté?
- C'est une prison haute sécurité, monsieur. Les sentinelles étaient prêtent.
- Et, et? s'impatienta Fumio.
- Laissez-moi parler, monsieur. Lorsqu'ils sont arrivés sur le bord de la falaise qui donnait sur la mer, les fugitifs ont du s'arrêter. Selon ce que j'ai entendu, l'homme s'est comme... envolé...
- Envolé?!
- Par-dessus le précipice, plus précisément. Pour voir ce qui était en dessous, sûrement. On ne saura jamais si c'était vrai, car au moment où il survolait le gouffre, l'un des gardes lui a tiré dans la tête. Il est tombé comme une pierre, se fracassant sur les rochers.
- Et les deux autres?
- Une salve de mitrailleuses a (soi-disant) abattu Gendiki comme un chien. Après, personne n'a su ce qui s'était passé, parce que la fille a sortit des bombes de nulle part, et a fait exploser les tours où étaient installés les gardes.
- Comment a-t-elle pu trouver des bombes dans une prison?
- Très bonne question monsieur.
- On a retrouvé les corps?
- Un seul. Celui de la fille.
- !!
- On a trouvé des traces de couteau sur son cou et des meurtrissures sur la nuque. Quelqu'un a dû lui trancher la gorge par derrière. Les directeurs de l'établissement ont établis la conclusion que Gendiki et l'autre homme ont été emportés par les vagues, et les ont déclarés comme morts.
- Déclarés, déclarés... C'est vite dit! Je n'en savais rien! cria furieusement Odo Fumio.
- Ils craignaient... la réaction que vous avez en ce moment, monsieur.
- En attendant, Gendiki est bien vivant, et il cours toujours!"
"J'avais enfin réussi à les coffrer, et voilà que j’apprends que ce criminel s'est enfui"
Le détective pris une pause pour se calmer. Il devait ménager ses nerfs, ce n'était pas le temps d'avoir une crise cardiaque. Il réfléchit un instant. La situation était loin d'être naturelle. Toutes ces choses n'avaient rien d'humain.
"Charles?
- Oui, monsieur?
- On va devoir réinterroger ces deux enfants. Ils en savent plus qu'ils le prétendent. Je vais devoir user de ruse pour les faire parler.
- J'ai l'adresse de Gendiki, ne pourrions-nous pas retourner l'arrêter?
- Patience, Charles, patience. Quand on résout un casse-tête, surtout quand il est compliqué, on commence toujours par les pièces les plus faciles..."
___
Au collège Saint-Alexandre, les ombres créées par la lune se profilaient sur le bâtiment, qui semblait être une vraie maison hantée. Le concierge étais parti depuis longtemps, il n'y aurait pas d'activité ni de vie humaine dans les parages jusqu'au lendemain matin. Le clocher dessinait son ombre sur le sol loin, atteignant presque la rue d'en face. Les stationnements étaient vides. Au loin, on pouvait entendre un hiboux hululer.
Sans que personne ne puisse les remarquer, quatre silhouettes se dégagèrent de la sombre apparence de la nuit. Ils longèrent les murs du bâtiment d'en face, et se dirigèrent vers l'entrée principale. Deux d'entre eux transportaient des gros sacs, probablement contenant de grosses charges. Ils contournèrent la statue dorée devant le collège, et entrèrent à l'intérieur. Ils montèrent les cinq étages d'escaliers, et atteignirent enfin le sommet de l'école. D'en haut, on pouvait avoir vu sur toute la cours et presque toutes les fenêtres du collèges.
Une femme s’accroupit à l'extérieur. L'ombre d'une tresse parcouru un instant le vide, pendant qu'elle scrutait les environs. Puis, elle rentra à l'intérieur.
"Tu peux ouvrir l'équipement, Jack, dit-elle avec un sourire sadique. Demain, il y aura du sang au menu!"
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À voir plus tard, si tu as raison ou non...